Jours de guerre en Irak

Publié le 4 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

C’était il y a quelques mois, le 19 novembre 2005. Des soldats en patrouille de la compagnie Kilo (Ire division des marines) sont touchés par l’explosion d’une mine placée au bord de la route à Haditha, petite ville située à 250 km au nord-ouest de Bagdad. Le caporal Miguel Terrazas est tué sur le coup. Selon le rapport d’opération, quinze civils auraient aussi succombé à l’explosion. Quant à la riposte de la compagnie, elle aurait entraîné la mort de huit « combattants ennemis ».
Fin d’un acte de guerre parmi tant d’autres en Irak. Début du mensonge.
Retour à Washington, le 31 mai 2006. Les morts de Haditha ne veulent pas disparaître. George W. Bush, face aux journalistes, se contorsionne, mal à l’aise, dans son grand bureau de maître du monde. Je suis « troublé », dit le président, par « les premières informations ».
Ah, évidemment, il est troublé
Il y aura enquête, ajoute le chef de l’axe du Bien. Et des sanctions, s’il y a lieu
Ah, des sanctions
Pour punir les marines, qui ont, semble-t-il, assassiné de sang-froid et par pure vengeance des civils innocents, hommes, femmes et enfants, dans le village de Haditha, en Irak, le 19 novembre 2005. Vingt-quatre personnes qui ont été abattues d’une balle dans la tête ou dans la poitrine Un massacre parmi d’autres probablement. Mais personne ne peut faire le compte des victimes collatérales de l’armée américaine.
Une armée désorientée, mal dirigée, impuissante, rongée par la frustration, et surtout par la haine de l’autre, de l’ennemi, de l’Arabe et du musulman, de ces gens tous fondus dans une même image du bougnoule terroriste.
Pour les États-Unis, l’invasion et l’occupation de l’Irak sont un échec absolu. Un désastre moral qui couvre Haditha, mais aussi Abou Ghraib, les mensonges sur les prétendues armes de destruction massive, les prisonniers au secret, les disparitions, la faillite de l’idée démocratique. Un désastre politique et militaire aussi. L’Irak a implosé sur des bases confessionnelles, ethniques, claniques, mafieuses. C’est un pays à terre. Chaque jour, oui, chaque jour, on compte les victimes par dizaines.
Lisez bien ce que disent dorénavant de plus en plus d’experts militaires et stratèges américains : « Notre défaite est déjà écrite. Le retrait des troupes est une question de mois. La guerre civile est inéluctable, elle est nécessaire pour fonder un nouvel ordre politique en Irak »
Toute cette souffrance, toute cette souffrance à venir, toutes ces victimes, tout cela est consternant. Et je me rappelle ce que m’a dit un jour un de mes profs : « Dans l’histoire de l’humanité, les occupants finissent toujours, un jour ou l’autre, au bout d’une semaine ou d’un siècle, par être battus, rejetés et repoussés. L’occupation est un échec inscrit dès le départ. »

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