Kadhafi, le litre d’essence et la Tunisie
Pour réduire les subventions des produits de consommation courante (huile, farine, sucre, carburants) qui engloutissent plus de 5 milliards de dollars par an, le gouvernement libyen a envisagé d’augmenter le prix de l’essence : le litre du super devait passer de 15 à 25 piastres (de 0,08 à 0,13 euro), le 1er mai. Cette mesure a suscité la grogne des automobilistes. Pourtant, la dernière hausse (de 11,5 à 15 piastres) remonte au 1er mai 2005, et le super libyen, à 8 centimes d’euro, est aujourd’hui le moins cher au monde, après celui du Venezuela (4 centimes). L’augmenter de quelques centimes n’était donc pas insurmontable Sauf que nous sommes en Libye, le pays où le pouvoir appartient aux « masses populaires » et à son « Guide », Mouammar Kadhafi, lequel a déclaré, le 2 mars, que le pétrole appartenait au peuple et que son argent devait donc être réparti entre tous les Libyens.
Du coup, le « Guide » a annulé la décision du gouvernement, non sans faire la leçon à son peuple : « Vos voisins, qui en sont à leur énième augmentation, n’ont jamais protesté. » Allusion aux Tunisiens, qui ont subi, le 2 mars, une nouvelle hausse : le super est passé à 1,25 dinar le litre (0,67 euro), soit huit fois plus qu’en Libye. Nombreux sont, d’ailleurs, les trafiquants tunisiens qui achètent de l’essence en Libye pour la revendre dans le Sud tunisien. Le même trafic existe entre l’Algérie (0,23 euro le litre) et le Maroc (quatre fois plus).
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