La chance de l’homme
Publié le 4 mars 2007 Lecture : 2 minutes.
On croit parfois que les hommes se sentent menacés par la montée en puissance des femmes dans le monde entier. C’est tout le contraire. Depuis la nuit des temps, depuis que ce benêt d’Adam croqua la pomme, les hommes n’ont cessé de supplier les femmes de saisir les rênes du pouvoir, de diriger les affaires de la cité, bref, de se salir les mains. César se jeta aux pieds mignons de Cléopâtre pour qu’elle le débarrasse de la charge de l’Empire. Si l’on en croit Suétone, il était prêt pour cela à faire d’Alexandrie la nouvelle Rome. En vain. Ces dames, pas folles, ont constamment refusé d’aller au charbon. C’est pourquoi l’homme s’est fait chasseur, guerrier ou houligan, alors qu’il ne rêve en fait que poésie, broderie et arrangements floraux.
Ce qui se passe en ce moment aux quatre coins du globe – vous voyez bien que les hommes sont nuls en maths, contrairement à ce qu’ils prétendent, car ça veut dire quoi, les quatre coins d’un globe ? -, ce qui se passe dans les trois moitiés de l’univers correspond aux vux les plus secrets de la gent masculine. Dans les contrées où règne le sexe prétendument faible – les Arabes préfèrent l’expression al-jins al-latif, le sexe doux, tendre, délicat -, dans les contrées, donc, où la Thatcher a fait des émules, qui sont les grands gagnants ? Mes frères les mecs, qui se sont tous transformés en antiquaires – allez faire un tour à Londres – ou en danseurs de ballet. Dans les Pays-Bas où je vis, sous l’il vigilant de la reine Beatrix, il a fallu chercher une ancienne gardienne de prison nommée Rita Verdonk pour durcir la politique de l’immigration : aucun homme n’avait le courage de le faire. Trop occupés à inventer la tulipe noire.
La femme est l’avenir de l’homme, prétendait Aragon. Il ne croyait pas si bien dire. La femme est la chance de l’homme. En prenant le pouvoir, elle lui permet enfin de développer son côté doux, tendre et délicat. Son côté féminin, en somme.
