Monsieur Kim et le camarade Jong-il

Commerçant à Séoul, le pacifique sosie de Kim Jong-il se verrait bien jouer un rôle dans la réunification du sud et du nord de la péninsule.

Publié le 4 février 2007 Lecture : 2 minutes.

C’était il y a dix ans. Monsieur Kim (c’est son vrai nom), un quinquagénaire sud-coréen affable et bien en chair, se regarde dans la glace. Immédiatement, la ressemblance lui saute aux yeux : il est le sosie de Kim Jong-il, le président nord-coréen. A priori, avoir les traits du leader d’un des régimes les plus totalitaires de la planète est lourd à porter. Mais, contre toute attente, monsieur Kim se révèle fier d’être le double du dictateur de Pyongyang. « Ressembler à un chef d’État ou à quiconque de puissant ne peut être qu’une source de satisfaction », témoigne le sosie, aujourd’hui gérant d’une boutique d’impression de cartes de visite à Séoul, capitale de la Corée du Sud.
Il décide même d’en profiter. « Un jour, je feuilletais les pages cinéma d’un magazine, et je suis tombé sur une annonce. Ils recherchaient quelqu’un pour tenir le rôle de Kim Jong-il. » Parmi cent vingt candidats, notre homme est choisi pour incarner le dictateur dans The Rose of Sharon, un film (prémonitoire ?), où Kim Jong-il projette d’envoyer la bombe atomique sur le Japon
Mais c’est surtout depuis le sommet des deux Corées, en 2000, quand Kim Dae-jung, le président sud-coréen, se rend à Pyongyang, que monsieur Kim est vraiment sollicité pour son « talent ». Séoul menant sa « diplomatie du Soleil-Levant » qui réchauffe considérablement les relations avec son voisin septentrional, la Corée du Nord acquiert le statut d’allié potentiel, et Kim Jong-il devient provisoirement fréquentable.
« J’ai d’abord remercié ma mère de m’avoir donné la vie, puis Kim Dae-jung parce que, grâce à lui, j’ai pu aller en Corée du Nord pour le sommet et passer à la télévision, explique monsieur Kim. Je mesure la même taille que Kim Jong-il, et je n’ai pas eu besoin de chirurgie esthétique pour lui ressembler. Il n’a même pas été nécessaire que je change de nom de famille », continue-t-il.
Costume militaire vert olive, verres teintés, chaussures à talonnettes : monsieur Kim a totalement adopté la garde-robe de Kim Jong-il, même s’il n’a pas fait fortune avec sa ressemblance. Confiant « faire beaucoup de recherches », le sosie est désormais capable d’imiter les attitudes du dictateur, se penchant sur le côté lorsqu’il est assis ou encore se tenant le ventre (imposant) bien en avant.
Monsieur Kim aimerait maintenant contribuer à l’embellie des relations entre les deux frères ennemis de la péninsule coréenne : « Je suis né pendant la guerre de Corée, alors j’espère que nous allons nous réunifier le plus vite possible. Bien sûr, ce sera bon pour le pays, mais je suis sûr aussi que ce sera intéressant pour moi. Je pourrai faire des publicités pour les téléphones mobiles qui permettent d’appeler d’une Corée à l’autre. »
Hors de la péninsule, ses ambitions sont plus limitées, car il refusera tout rôle dans une production hollywoodienne, si lucratif soit-il, si son sosie est dépeint sous un mauvais jour. « Un jour, nous allons nous réunifier. Il faut donc travailler ensemble et entretenir de bons rapports », justifie-t-il. « J’irai aux États-Unis si l’on me propose un bon rôle. Mais, actuellement, ce serait de la folie. Ce serait encore plus dangereux que d’aller en Irak ».
Avant que n’éclate la crise du nucléaire nord-coréen, monsieur Kim assurait ne susciter que des réactions positives. Il n’est pas sûr que cela dure encore longtemps

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