Au-delà de l’Irak

Publié le 4 février 2007 Lecture : 3 minutes.

Un retrait américain avant que l’Irak, selon les mots du président George W. Bush, puisse « se gouverner, subvenir à ses besoins et se défendre tout seul », serait un échec stratégique pour les intérêts des États-Unis, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour la région et au-delà.
Il renforcerait énormément les adversaires de l’Amérique et démoraliserait profondément nos amis. L’Iran, encouragé par le retrait de son principal adversaire, étendrait son influence via le Hezbollah et le Hamas en Syrie, au Liban, sur les Territoires palestiniens et en Jordanie. Nos amis arabes penseraient, à juste titre, que nous les avons abandonnés, les laissant seuls face à un radicalisme qui a été considérablement exacerbé par la politique américaine dans la région et qui pourrait faire peser une grave menace sur leurs gouvernements.

Les effets ne seraient pas limités à l’Irak et au Moyen-Orient. Les ressources énergétiques et les carrefours d’échanges essentiels à l’économie mondiale seraient soumis à un risque considérablement accru. Ailleurs, les terroristes et les extrémistes seraient enhardis. Et les États-Unis seraient perçus dans le monde comme un colosse qui aurait trébuché, ne tiendrait pas ses promesses et ne pourrait plus être considéré comme un allié ou un ami digne de confiance – ou comme le garant de la paix et de la stabilité dans cette région tourmentée.
Pour éviter ces fâcheuses conséquences, les États-Unis doivent s’assurer du soutien des pays de la région eux-mêmes. Ils ont fortement intérêt à agir ainsi, comme ils l’ont fait en 1991 pendant la guerre du Golfe. Malheureusement, ces pays en sont venus, ces dernières années, à considérer qu’il était dangereux pour eux de s’identifier aux États-Unis, et ils sont, pour la plupart, restés sur la réserve.
Une politique vigoureuse destinée à régler le conflit israélo-arabe pourrait fondamentalement changer à la fois la dynamique de la région et les calculs stratégiques des principaux dirigeants. On pourrait aussi faire le nécessaire pour mettre l’Iran sur la défensive. Le Hezbollah et le Hamas perdraient leur force d’attraction. Les alliés des Américains comme l’Égypte, l’Arabie saoudite et les États du Golfe se sentiraient plus libres et aideraient à stabiliser l’Irak. Et l’Irak serait finalement considéré par tous comme un pays clé qui devrait jouer son rôle dans la sécurité régionale.
Les dirigeants arabes sont maintenant désireux de résoudre le conflit avec Israël, aujourd’hui vieux de cinquante ans. Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert l’est peut-être aussi. Mais seul le président américain peut les amener à s’asseoir à la même table. Reprendre le processus de paix ne consiste pas à arracher des concessions à Israël ou à obliger les Palestiniens à se soumettre. La plupart des éléments permettant d’arriver à un accord figurent déjà dans les résultats des négociations de 2000 et dans la « feuille de route » de 2002. Ce qu’il faut maintenant, c’est mobiliser la volonté des dirigeants arabes et israéliens, sous la conduite d’un président américain déterminé, pour forger à partir de ces divers éléments un règlement définitif dont toutes les parties ont déjà publiquement accepté le principe.
S’agissant de la Syrie et de l’Iran, les États-Unis ne devraient pas avoir peur de prendre langue avec eux, mais nous ne devons pas pour autant nous précipiter et les considérer comme des « partenaires » de la négociation. Par ailleurs, ils ont des intérêts, des attentes, des niveaux d’influence différents, et ne doivent pas être traités de la même manière.

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La Syrie ne peut pas se sentir à l’aise accrochée aux seules basques de l’Iran. Il doit donc être possible de l’en détacher. Elle a, elle aussi, beaucoup à gagner à un accord avec Israël et au règlement de problèmes internes qu’un tel accord pourrait considérablement faciliter. En faisant des progrès sur le front palestinien avant de s’attaquer à la Syrie, on éviterait de surcharger la capacité de négociation d’Israël et on inciterait du coup Damas à négocier sérieusement.
Le cas de l’Iran est différent. Peut-être vaudrait-il mieux ne pas intégrer Téhéran à la stratégie régionale dès le début. Le problème nucléaire devrait être traité à part. ¦

*Conseiller à la sécurité nationale des présidents Gerald Ford et George H. Bush, président du Forum for International Policy.

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