Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

La religion est forcément politique
– Dans l’article de Samy Ghorbal intitulé « La laïcité en question » (J.A. n° 2390), on peut lire en conclusion : « Il faut oser réclamer une stricte séparation de l’État et de la religion afin d’ancrer irréversiblement la Tunisie dans la modernité. » Permettez-moi de réagir à cette « Opinion » : le prophète Mahomet (ou plus exactement Mohammed) disait dans un hadith : « La religion, c’est le conseil. » On ne peut dissocier la religion musulmane de la politique parce qu’il est tout simplement aberrant de faire cette dissociation. La religion se confond avec le conseil, c’est-à-dire avec la politique. La religion, c’est la politique puisque l’islam avec ses lois, règles, et propositions réglemente et gère tout ce qui se rapporte à notre vie individuelle et sociale. À ceux qui prêchent la séparation de l’islam de la politique, je dis que l’islam ne se limite pas aux devoirs religieux envers Dieu, mais il se préoccupe également de ce qui concerne la vie dans la cité et les activités humaines. L’il ne voit pas ce que le cur ne veut pas voir
Amel Krichène, Hammam Sousse, Tunisie

Sectaire, le voile ?
– J’ai lu l’« Opinion » de Samy Ghorbal dans le n° 2390 de Jeune Afrique au sujet du voile islamique. Je suis sidéré par la manière simpliste dont les problèmes sont posés et, surtout, la façon dont sont galvaudés certains concepts : « habit sectaire » par rapport à qui ? Monsieur Ghorbal dirait-il de sa grand-mère qu’elle portait un habit sectaire concernant le safsari ? Suffit-il d’interdire le voile pour dire que l’islamisme est endigué ?
L’auteur de l’article évoque « les prémices de regain » : à ma connaissance, mes compatriotes ont toujours fréquenté la mosquée et jeûné, même si, ici comme ailleurs, on trouve des réfractaires à certaines coutumes. Il parle également de « l’islamisme light », comme on parle de Coca light. Parle-t-on de christianisme ou de judaïsme light ? Dès qu’il s’agit de l’islam, des réponses caricaturales sont vite trouvées : réaction aux agressions, repli identitaire Le mouvement mondial de la jeunesse inspiré par Jean-Paul II serait-il lui aussi une réaction aux agressions ? Quant à l’« orientalisation de la société », les Tunisiens apprécient depuis toujours Oum Kalsoum et les feuilletons égyptiens. À l’inverse, suis-je occidentalisé parce que j’apprécie Mozart ? « Appel à la prière à la télévision » : Et alors ? France2 diffuse bien la messe dominicale chaque semaine. Cela dit, la manière de s’habiller relève de la liberté individuelle. Mon très cher pays – qui se targue d’être le pays des droits de la femme – ne peut se permettre, à moins de tartufferie, d’exclure la moitié de sa population !
Azzam Gasmi, Bizerte, Tunisie

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Ségolène Royal la Dakaroise
– Suite à la parution de l’article sur Ségolène Royal dans J.A. n° 2393, je voudrais apporter les précisions suivantes : elle est née à Dakar, là où se trouvait l’hôpital militaire du « Point d’appui », puis vint aussitôt au camp Archinard du 6e régiment d’artillerie colonial situé près de Ouakam, sur les collines dites les Mamelles. Son père, Jacques, n’était alors que capitaine, responsable d’une batterie du régiment, la 2e (75.105) – et non commandant d’un régiment de tirailleurs.
« Sa famille vivait dans l’aisance coloniale des grandes villas ». Pas vraiment. Le camp des Mamelles était posé sur un plateau désolé, adossé à la mer. Soldats et officiers, Français et « indigènes » vivaient chichement, pas de luxe dans l’armée coloniale ! Une grande bâtisse logeait les officiers mariés, une autre les sous-officiers ; les hommes de troupe dans des baraquements modestes. Pas de boys mais une « ordonnance » par officier, que j’ai vu promener Ségolène dans son landau dans la seule allée ombragée de flamboyants du camp.
Le capitaine Jacques Royal était un officier compétent, respecté et sympathique. Si Ségolène est dure à l’égard de son père, c’est que, plus tard, ayant quitté le Sénégal, cet officier ne voulut pas cautionner certaines guerres et quitta l’armée. C’est alors que, accablé par la charge d’une famille très nombreuse à nourrir, sans emploi solide, son caractère en fut très altéré jusqu’à devenir insupportable à sa famille. Voilà ce que moi, maréchal des logis du camp des Mamelles, présent au moment où Ségolène vint au monde, tenait à préciser.
René Deverdun, Villers, France

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