L’indispensable sursaut

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Voilà quatre ans que la Côte d’Ivoire est divisée en deux par une « zone de confiance » artificielle. Voilà bientôt sept ans qu’un premier coup d’État a fait tomber le pays dans une instabilité qu’il n’avait jamais connue auparavant. Voilà une dizaine d’années que les Ivoiriens se battent à coups d’ivoirité ou d’identification des électeurs Une décennie qui a vu trébucher une puissance régionale, prometteuse, séduisante et fière.
La crise économique n’a pas attendu l’éclatement de son pendant politique pour commencer à ronger les bases de la prospérité. Les années 1990, la dévaluation du franc CFA, les variations des cours mondiaux du coton, du café et du cacao avaient déjà ébranlé la croissance ivoirienne, avant que les armes et les rivalités des dirigeants ne viennent lui asséner de nouveaux coups au tournant du XXIe siècle. Ceci explique cela, bien sûr. Mais l’immobilisme politique qui prévaut depuis n’a fait qu’aggraver le lent délabrement des fondamentaux de l’économie.

Oui, malgré les soubresauts qui font, chaque fois, craindre le pire, malgré les frémissements de la rue – de part et d’autre de la zone de confiance -, malgré les sommets d’Accra, Paris, Pretoria, Addis-Abeba, New York ou Abuja, malgré les recompositions régulières du paysage politique, malgré les petites phrases et les menaces proférées d’un camp à l’autre, la Côte d’Ivoire ne bouge plus. Quoi de pire pour une nation qui avait l’habitude de tirer ses voisins par la main et vers le haut que de se retrouver alitée et de les voir se presser à son chevet ? L’effondrement d’une économie qui est aujourd’hui vacillante serait désastreuse. La guerre, la vraie, avec son lot de destructions et son sang versé, serait catastrophique. Rien de tout cela pour le moment, car la Côte d’Ivoire n’est qu’à genoux, elle n’est pas morte, selon l’expression couramment employée à Abidjan pour décrire l’état du pays et comme nous nous sommes attachés à le montrer dans ce dossier. Forte de la vitesse acquise aux heures de gloire, la locomotive roule encore sur son erre. Mais pour combien de temps encore ?

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Si seulement ses leaders politiques pouvaient mettre de côté leurs intérêts personnels et leur orgueil pour enfin sortir leur pays de cette situation de « ni guerre ni paix ». Pour que tous les Ivoiriens retrouvent ce qui faisait leur charme : la fierté d’être les meilleurs.

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