Limites de la démocratie

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Je prends le risque de choquer certains, ou peut-être même beaucoup, d’entre vous en soutenant la thèse ci-dessous, qui n’est sans doute pas politiquement correcte : un pays militairement occupé par des forces étrangères, et qui entend s’en libérer, comme en ce moment la Palestine, l’Irak (et, peut-être, l’Afghanistan), ne peut pas conduire sa lutte de libération avec succès s’il s’oblige à la mener sous régime démocratique.
C’est en tout cas ma conviction, fondée sur les exemples que nous propose l’actualité.

L’Afghanistan. Il s’agit, vous le voyez comme moi, d’une démocratie de façade dont le malheureux Hamid Karzaï est la terne vitrine.
Le combat contre les talibans et contre al-Qaïda y est mené par des forces étrangères sur lesquelles Karzaï et son gouvernement n’ont ni pouvoir ni même information. Sont-elles des forces de libération ou d’occupation ? Ceux qu’elles tuent sont, en tout cas, tous afghans.
L’Irak. Le vote organisé par les Américains, financé par eux (et qui s’est déroulé sous la protection de leurs soldats), leur a permis de claironner qu’ils ont instauré la démocratie (ou un début de démocratie) en Irak. ?En réalité, ce scrutin aura surtout permis à George W. Bush de justifier a posteriori l’invasion illégale – et qui s’est révélée désastreuse – d’un pays membre de l’ONU.
Le Parlement et le gouvernement qui en sont issus tirent-ils la moindre efficacité de leur essence démocratique ? Évidemment non.
Quant à la Palestine, ses occupants israéliens (et leurs alliés américains) ne l’ont-ils pas plutôt punie que récompensée de s’être donné un Parlement et un gouvernement issus d’élections démocratiques ?
Sa libération de l’occupation étrangère en a-t-elle été le moins du monde facilitée ?
Je crois, pour ma part, que là est l’un de ses principaux handicaps

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Quittons le présent et jetons un coup d’il sur l’histoire récente (ou moins récente) : quel pays s’est libéré de l’occupation (coloniale ou paracoloniale) en s’imposant (ou en se laissant imposer de l’extérieur) l’obligation de se doter d’un régime démocratique : la France du général de Gaulle ? L’Indochine de Ho Chi Minh ? L’Algérie du FLN ?
Aussi loin que l’on regarde, aucun pays occupé ne s’est libéré en ayant à sa tête un gouvernement démocratiquement élu. Même les pays dirigés par un régime démocratique avant de subir une occupation étrangère l’ont mis entre parenthèses le temps de mener leur guerre de libération.

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