L’espoir, quand même

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Les chiffres restent dramatiques : le 1er décembre, lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le nombre de personnes vivant avec le VIH a été estimé à 39,5 millions, dont 24,7 millions en Afrique subsaharienne. Il y a eu cette année 4,3 millions de nouveaux cas d’infection (2,8 millions en Afrique subsaharienne) ; et 2,9 millions de décès dus au sida (2,1 millions). Pourtant, « à côté de ces réalités terribles, un espoir est très clairement apparu au cours de l’année qui s’achève », a estimé au cours d’une conférence de presse le Pr Michel Kazatchkine, directeur de l’Agence nationale (française) de recherches sur le sida. Ce qui confirme qu’il est possible de lutter efficacement contre l’épidémie. Et que le combat est sérieusement mené dans nombre de pays.
En France, 521 manifestations ont eu lieu le 1er décembre. À cette occasion, les dirigeants d’une trentaine de grands groupes européens ont signé la déclaration d’engagement proposée par la Coalition mondiale des entreprises contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Des chercheurs de 32 institutions (dont l’Institut Pasteur) originaires d’une dizaine de pays se sont regroupés au sein du réseau Entreprise pour promouvoir le développement de candidats vaccins et de microbicides.
Au Royaume-Uni, le Financial Times publie un supplément de seize pages titré « Seulement une lueur d’espoir », tandis que la Kaiser Family Foundation lance une campagne d’information dans vingt-cinq pays africains. Au Niger, le gouvernement, le groupement d’intérêt public français Esther et le groupe Areva, leader mondial de l’énergie nucléaire, ont signé un accord de partenariat public-privé pour la prévention et la prise en charge du sida.
Globalement, les fonds consacrés à la lutte contre l’épidémie sont passés de 300 millions de dollars en 1996 à 8,3 milliards de dollars en 2005. Désormais, 1,6 million de malades dans le monde en développement bénéficient des traitements antirétroviraux (ARV), contre 30 000 en 2002. Depuis 2001, le prix de ces derniers a baissé de 95 %. L’Inde et le Brésil fabriquent des génériques et, ces jours derniers, la Thaïlande n’a pas hésité à braver les foudres du laboratoire américain Merck pour faire baisser encore le prix de son ARV Efavirenz.
Le traitement ne guérit pas, mais il permet de mener une vie normale – comme pour les diabétiques, souligne Kazatchkine. Malheureusement, il ne suffit pas. Et dans beaucoup de pays, l’indispensable prévention se heurte aux préjugés et à l’ignorance. Comme le rappelle Peter Piot, le directeur exécutif de l’Onusida, il faudra vers 2010 entre 20 milliards et 23 milliards de dollars par an pour financer la lutte dans les pays en développement. Il faudra aussi des campagnes d’information systématiques pour enfin convaincre les populations de se soigner et de se protéger. Comme par hasard, les pays où l’épidémie recule, comme le Kenya ou le Burkina, sont ceux qui mènent le combat depuis des années.

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