La réconciliation attendra

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

La crise qui a déchiré Madagascar entre janvier et juillet 2002 ne semble pas avoir empêché la population de tourner la page. Et si l’opposition a réclamé à plusieurs reprises la mise sur pied d’une Commission vérité et réconciliation pour panser les plaies ouvertes à l’issue de la présidentielle, le nouveau régime s’est borné à demander l’application de la loi, provoquant une vague de procès sans précédent. Officiers supérieurs, ministres et hauts fonctionnaires ont dû rendre des comptes devant la justice. Un an après la présidentielle contestée, Amnesty International n’en relevait pas moins de nombreuses irrégularités dans les procédures judiciaires et estimait le nombre de personnes arrêtées et placées en détention préventive entre 400 et 500, là où le gouvernement en dénombrait 144.
Au-delà des procès médiatisés, les véritables cibles de la justice malgache sont restées hors de portée. Premier concerné, l’ex-président Didier Ratsiraka a quitté le pays le 5 juillet 2002 pour la France. Treize mois plus tard, l’Amiral, qui vit aujourd’hui à Neuilly-sur-Seine, une banlieue huppée de l’Ouest parisien, a été condamné par contumace à dix ans de travaux forcés assortis d’une peine d’inéligibilité pour détournements de fonds publics.
Autre exilé, Pierrot Rajaonarivelo, qui revendique l’héritage ratsirakiste, a été tenté par la succession. Mais condamné, le 8 août, dans une affaire d’abus de biens sociaux à quinze ans de travaux forcés et à une interdiction d’exercer une fonction publique, il a vu les frontières du pays se fermer devant lui. L’ancien vice-Premier ministre et actuel secrétaire national de l’Arema a essayé à deux reprises de rentrer pour prendre part à la présidentielle du 3 décembre. Le 7 octobre, les autorités aériennes malgaches ont fermé l’aéroport de Toamasina (ex-Tamatave), alors qu’il embarquait, à la Réunion, sur un appareil d’Air Austral. Une semaine plus tard, nouvelle tentative depuis Maurice. Mais Air Mauritius ayant refusé de le faire monter à bord, il a confier à son avocat le soin de déposer sa candidature à la présidentielle devant la Haute Cour constitutionnelle, qui l’a rejetée.
Seule personnalité susceptible de prendre la relève lors du scrutin présidentiel, Roland Ratsiraka, maire de Toamasina et neveu de l’ancien président, capitalise sur son patronyme pour engranger une partie des votes contestataires. Il ne dispose néanmoins ni de l’influence ni de la notoriété de Pierrot pour espérer faire de l’ombre au chef de l’État sortant.

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