Des vertus de la négociation

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 1 minute.

L’Iran et la Corée du Nord ont tiré des théories fumeuses de George W. Bush sur « l’axe du Mal » la leçon pratique que seule la dissuasion nucléaire pourrait les protéger du changement de régime. Kim Jong-il, en particulier, semble avoir compris que la machine de guerre américaine pouvait instantanément pulvériser les tanks et les missiles massés le long de la zone démilitarisée, sur le 38e parallèle.
La politique de Bush a renforcé l’Iran et la Corée du Nord sur plusieurs points précis. Après avoir chassé les talibans, pouvoir sunnite hostile à l’est de l’Iran, l’armée américaine a renversé Saddam, l’ennemi de l’Iran à l’ouest. Le tout a donné aux mollahs une occasion rêvée de s’assurer une hégémonie régionale en favorisant le développement d’un arc chiite allant de l’Hazaristan afghan au Sud-Liban en passant par Bassora. L’occupation de l’Irak a aussi donné à l’Iran une possibilité de représailles immédiates en cas de préemption nucléaire. On pourrait en dire autant des 30 000 soldats américains présents en Corée du Sud.
La politique de l’ex-président Bill Clinton d’« acheter » Kim pour qu’il renonce à la prolifération n’était pas un modèle de pureté et a contribué à consolider son régime. Mais l’importance donnée par Clinton à la négociation a différé le jour où le Cher Leader pourrait menacer le monde d’une bombe atomique. L’obstination et le bellicisme de Bush n’ont pas créé la situation que nous devons affronter aujourd’hui en Iran et en Corée du Nord. Mais sa politique a rapproché les menaces qu’une autre stratégie aurait pu différer ou même écarter totalement, tout en suscitant une dynamique nouvelle de coopération des ennemis de l’Amérique. Merci, Monsieur le Président, de nous avoir fait cadeau de l’axe du Mal.

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