Amour et confessions

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Tout juste auréolé de son récent triomphe comme acteur avec Indigènes, qui lui a valu en mai dernier avec ses partenaires en haut de l’affiche un prix d’interprétation collectif à Cannes et qui bat depuis quelques semaines tous les records d’entrées en salles (déjà 3 millions de spectateurs en France !), Roschdy Zem revient déjà dans l’actualité. Cette fois comme réalisateur. Pour son premier film en tant qu’auteur, il a choisi de donner la vedette à un couple formé de la superbe Cécile de France et de lui-même.
L’histoire ? Ismaël aime Clara, et réciproquement. Ils vivent ensemble très heureux depuis quatre ans. Survient de façon imprévue l’événement qui va tout chambouler : Clara est enceinte. Une bonne nouvelle a priori pour l’un et l’autre. Mais voilà : il est arabe, elle est juive. Ce qui, jusque-là, n’avait jamais posé l’ombre d’un problème aux tourtereaux devient une question compliquée. Car pour leurs parents, auxquels les deux amoureux ne peuvent plus cacher leur relation, identité et conjugalité ne riment pas avec laïcité.
Comme on le voit, une situation classique, à la limite du cliché, sur les difficultés que doivent affronter les couples mixtes. Il faut porter au crédit de Roschdy Zem et de son coscénariste Pascal Elbé d’avoir tout fait, en imaginant les profils des héros mais aussi par l’emploi judicieux de personnages secondaires non convenus, pour éviter que le film tourne à la comédie téléphonée sur ce sujet. Ainsi, les juifs, à commencer par Clara – une psychomotricienne hypersensible passionnée par son métier – et ses père et mère, ne seront pas des séfarades bien typés mais des ashkénazes que rien ne distingue en apparence de tout autre Français moyen. La jeune sur d’Ismaël, nullement brimée par son grand frère et avec lequel elle s’entend à merveille, a pour passion de jouer au football. Quant à Ismaël, l’immigré maghrébin deuxième génération genre « plus Français que moi tu meurs », il gagne sa vie comme professeur de musique et a pour meilleur ami un juif.
Comme le comédien de talent qu’est Roschdy Zem n’a rien perdu de sa sensibilité et de son sens de la scène en devenant scénariste et directeur d’acteurs, cette comédie sentimentale qui tourne souvent à la gravité sans perdre de son charme léger se voit sans déplaisir. Tout en cherchant manifestement à séduire le plus large public, donc sans craindre de flirter parfois avec le mélo entre deux séquences amusantes, elle aborde sans concession quelques questions brûlantes sur la vie à deux et surtout sur les dangers du communautarisme. On peut cependant regretter – revers de la médaille – que la réalisation manque d’originalité. Faire simple sur un sujet qui n’est qu’apparemment simple peut apparaître comme une qualité, surtout pour un premier film. Mais s’il entend devenir un véritable cinéaste, sans doute faudra-t-il que Roschdy Zem accepte de prendre quelques risques artistiques afin de trouver un style.

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