Abdelmajid Charfi*

Publié le 3 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

J’ai passé plus d’une dizaine d’années de ma vie à étudier le genre « polémique », sous la direction de Mohamed Talbi. Je sais donc pertinemment que la polémique est vaine, et je n’ai aucunement l’intention de polémiquer avec mon professeur. Cependant, il est de mon devoir de rétablir la vérité à propos d’une prétendue école de désacralisation du Coran à la Faculté de la Manouba dont je serais le maître fondateur, accusation souvent portée à mon encontre par M. Talbi, la dernière étant dans son article « Comment rendre Mohammed présentable aux yeux des Occidentaux » paru dans le n° 2392 de Jeune Afrique (du 12 au 18 novembre 2006), alors même que le contexte ne s’y prêtait point, puisque l’article portait sur l’ouvrage de Mahmoud Hussein sur la Sîra.
Je voudrais tout simplement affirmer que cette accusation est absolument infondée, outre qu’une désacralisation du Coran me semble être une entreprise pour le moins débile. En effet, cette école n’a d’existence que dans l’esprit du professeur Talbi. Tout un chacun peut vérifier que, pendant les années où j’exerçais à l’université, je n’ai jamais inscrit de question au programme de maîtrise, de DEA ou d’agrégation qui se rapporte directement au Coran, à sa révélation et à sa collecte, ni dirigé une recherche dans ce sens. Ce que j’ai essayé par contre d’introduire à l’ENS de Tunis puis à la faculté des lettres, et c’est un effort que je revendique pleinement, c’est une approche historique et critique de la production exégétique, jurisprudentielle et théologique des « clercs » musulmans, y compris – et c’est inévitable – lorsqu’il s’agit de constructions instrumentalisant le texte coranique d’une façon qui répondait à des besoins historiques, mais qui ne correspond guère à la rationalité moderne.
Quant à la thèse à laquelle je tiendrais mordicus et qui stipulerait que la sourate Marie a été envoyée au Négus dans un sac-poubelle, je suis bien curieux de savoir l’endroit ou l’occasion où j’aurais soutenu, de près ou de loin, cette thèse. M. Talbi, en l’occurrence, ferait mieux, en historien, de vérifier ses sources. ?À moins de considérer, avec beaucoup de peine, dans ces élucubrations, que la vieillesse est un naufrage auquel il n’échappe malheureusement pas.

* Universitaire et essayiste tunisien. Dernier livre paru en français, L’Islam entre le message et l’histoire (Albin Michel, 2004).

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