L’impossible procès

Publié le 3 août 2008 Lecture : 2 minutes.

En juin 2005, le sort du vice-président semblait scellé. Shabir Shaik, homme d’affaires et conseiller financier, venait d’être condamné à quinze ans de prison pour corruption. Le corrompu était clairement identifié : Jacob Zuma. Depuis, de report en non-lieu, l’affaire Zuma n’a jamais été jugée sur le fond. La justice sud-africaine, soumise à une énorme pression, joue dans cette affaire sa crédibilité. Et Jacob Zuma sa carrière.
Le procès Shaik était accablant. On y découvrait que Jacob Zuma avait reçu de son ami pas moins de 4 millions de rands (350 000 euros) en échange de son soutien, notamment lors de l’attribution à la fin des années 1990 de juteux contrats d’armement. Shabir Shaik a également servi d’intermédiaire entre Jacob Zuma et la compagnie Thint SA, filiale locale de la société d’armement française Thales. L’accord portait sur le paiement à Zuma de 500 000 rands par an (43 000 euros), en échange de sa protection en cas d’enquête sur les fameux contrats d’armement.
En septembre 2006, lors de la première comparution, le juge a estimé impossible de poursuivre l’instruction, l’enquête menée par les Scorpions, l’unité d’élite de la police, étant, selon lui, bâclée
Le 28 décembre 2007, une semaine seulement après l’élection triomphale de Jacob Zuma à la présidence de l’ANC, les Scorpions revenaient à la charge avec une nouvelle inculpation et de nouvelles preuves. L’affaire devait être jugée à la mi-août.
L’équipe Zuma va tenter une nouvelle fois, les 4 et 5 août, de faire classer l’affaire, ou au moins d’obtenir un report. Son avocat a également fait appel, la semaine dernière, d’un jugement de la justice mauricienne qui autorisait les Scorpions à utiliser des documents compromettants saisis dans les bureaux de Thales à Maurice.
Faire tomber Zuma, qu’il soit coupable ou seulement bouc émissaire, c’est ouvrir la boîte de Pandore. L’affaire Zuma n’est qu’une infime partie du grand scandale entourant le fameux contrat d’armement de 1999. Pour sauver la crédibilité de la justice et éviter un déballage qui risquerait de mettre en cause un grand nombre de pontes de l’ANC, on évoque de plus en plus une porte de sortie : l’amnistie.

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