Bouteflika juge les réformes
Le discours prononcé le 26 juillet par Abdelaziz Bouteflika devant les élus locaux a frappé les esprits. Le chef de l’État s’y est en effet livré à un long mea culpa concernant les échecs de sa politique économique, qu’il s’agisse de la stratégie de développement ou des privatisations. À l’intention de ceux qui auraient pu être tentés de tourner leur regard vers Hamid Temmar, le ministre de l’Industrie et des Privatisations, il a pris soin de préciser que ses critiques ne visaient aucun responsable en particulier.
En revanche, il n’a pas ménagé les investisseurs étrangers qui rapatrient chaque année des milliards de dollars quand leur mise de départ ne dépasse souvent pas quelques centaines de millions. Les partis de gauche, en particulier les trotskistes du Parti des travailleurs, que dirige Louisa Hanoune, et les syndicats, notamment l’UGTA d’Abdelmadjid Sidi Saïd, ont applaudi des deux mains à ce virage à gauche.
Trois jours plus tard, le Conseil du gouvernement présidé par Ahmed Ouyahia s’est réuni pour préparer une nouvelle réglementation en matière de transfert de bénéfices. Par ailleurs, à la suite des rumeurs de tractations entre le groupe égyptien Orascom et France Télécom concernant une éventuelle cession de Djezzy, le premier opérateur de téléphonie mobile algérien (14 millions d’abonnés), les autorités n’excluent pas de faire jouer le droit de préemption de l’État chaque fois que nécessaire pour garantir la pérennité des entreprises vendues.
Ce n’est pas encore le retour du « tout-État », mais Bouteflika semble résolu à tirer les leçons du passé. Comme l’explique Abderrachid Boukerzaza, son ministre de la Communication, il ne s’agit nullement d’une remise en cause de l’option libérale, mais d’une simple révision stratégique après une quasi-décennie de réformes.
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