Bons baisers de Téhéran

Publié le 3 août 2008 Lecture : 1 minute.

Subite conversion de fin de mandat ? La récente annonce par George W. Bush d’un retrait, à terme (non défini, certes), des troupes américaines d’Irak, ainsi que la révision drastique à la baisse des accords de défense postconflit que le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s’apprêtait à conclure avec Washington, ne laissent pas d’intriguer. Officiellement, ce double geste de l’administration Bush est dû à la fois aux succès « inespérés » rencontrés par ses troupes sur le terrain et à la nécessité de crédibiliser politiquement le chef du gouvernement irakien à la veille des élections provinciales.
En réalité, comme le raconte l’universitaire américain Selig Harrison, de retour de Téhéran, dans le Herald Tribune du 29 juillet, ce revirement est directement lié aux pressions irakiennes sur Maliki. Le leader chiite a été convoqué, du 7 au 9 juin, par le Guide suprême Ali Khamenei, qui, pendant trois jours, l’a fait comparaître devant une brochette de dirigeants et de généraux iraniens avec pour but explicite qu’il désavoue le préaccord secret de coopération militaire à long terme américano-irakien, signé par lui-même en mars 2008. Objectif atteint : quatre jours après son retour à Bagdad, Maliki annonçait que l’accord n’existait plus et demandait un calendrier précis pour le retrait des troupes américaines. Depuis, le Premier ministre est allé plus loin : il exige maintenant que l’Irak recouvre le contrôle de son propre espace aérien.
À Téhéran, on se frotte les mains. La démonstration est faite que rien en Irak – et surtout pas la paix – ne peut se faire sans la République islamique, laquelle exerce sur les chiites irakiens – majoritaires – une influence décisive. Sauf si une attaque israélienne contre les sites nucléaires iraniens venait à embraser la région, il faudra bien, donc, que les Américains se résolvent à parler avec l’Iran.

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