Attentats de Nairobi et Dar es-Salaam

7 août 1998

Publié le 3 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Après le carnage, le choc et la consternation. Ce 7 août 1998, le monde l’ignore encore, mais il assiste à l’acte de naissance du terrorisme à grande échelle minutieusement planifié sous la bannière de l’organisation Al-Qaïda. À 10 h 30, le Kenya et la Tanzanie sont plongés dans l’horreur avec l’explosion simultanée de voitures piégées devant les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam.
Dans la capitale kényane, c’est la désolation. Le souffle de la déflagration a provoqué l’effondrement de plusieurs immeubles du quartier des affaires où se situe la chancellerie des États-Unis. Un amoncellement de cadavres, de blessés et de débris jonche les chaussées.

Scénario identique à Dar es-Salaam, où l’explosion d’un véhicule détruit partiellement l’ambassade américaine et les bâtiments alentour. Dans les deux pays, les hôpitaux sont assiégés. Des ballets d’hélicoptères assistent les centaines de bénévoles venus aider les blessés ou retirer les morts des décombres. Les secours font face à un cruel manque de moyens. Malgré plusieurs précédents (Liban, Arabie saoudite), jamais une opération antiaméricaine n’avait fait autant de victimes. Le bilan est très lourd : 4 500 blessés et 224 tués, dont 12 Américains.
Réveillé dans son sommeil, le président Bill Clinton évoque des actes « répugnants et inhumains ». Deux millions de dollars de récompense sont offerts pour toute information permettant de conduire à l’arrestation des « lâches auteurs ». Mais les investigations s’annoncent difficiles. Les dizaines d’enquêteurs du Federal Bureau of Investigation (FBI) dépêchés sur place ne négligent aucune piste. Hâtivement évoquées, celle des extrémistes rwandais hutus et celle de l’opposition kényane, qui reproche aux États-Unis leur complaisance à l’égard du régime du président Daniel arap Moi, sont écartées.
Car ce qui frappe, c’est non seulement la simultanéité des opérations mais aussi le professionnalisme de leurs auteurs. Ces attentats ont nécessité une longue préparation. Un constat qui permet d’orienter les recherches vers la « nébuleuse islamiste ». À juste titre. Le 10 août, l’Armée islamique pour la libération des lieux saints musulmans revendique les opérations dans plusieurs communiqués. Peu connue, cette organisation regroupe des centaines de moudjahidine originaires de tous les pays musulmans dont l’objectif est de « frapper les intérêts américains partout ».

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Mais tous les regards convergent vers un homme : Oussama Ben Laden. Soupçonné de financer ces groupuscules et de les fédérer à travers son organisation, Al-Qaïda, le milliardaire saoudien déchu de sa nationalité en 1994 et réfugié en Afghanistan ne cesse depuis plusieurs années de lancer des fatwas contre les États-Unis. Quelques jours plus tard, Bill Clinton ordonne le bombardement de plusieurs camps d’entraînement d’Al-Qaïda en Afghanistan ainsi que la destruction d’une usine chimique (en réalité un laboratoire pharmaceutique) au Soudan, où Ben Laden avait trouvé refuge en 1996. De bien piètres ripostes face à cette organisation dont les ramifications planétaires, comme les moyens financiers, permettront de réaliser, trois ans plus tard, et sur le sol américain cette fois-ci, la pire attaque terroriste que l’humanité ait connue.

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