Sir Sebastian Coe

Président du comité de candidature de Londres pour les J.O. 2012

Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Pas facile de garder la forme quand on est un homme politique, qu’on court de dîner en réunion, qu’on se bat contre le décalage horaire et qu’on parcourt les capitales du monde entier pour convaincre les membres du Comité international olympique (CIO) que, oui, c’est en faveur de Londres qu’il faut voter pour l’attribution des Jeux de 2012. Pourtant, à 48 ans, sir Sebastian Coe conserve une forme… olympique. « J’essaie toujours de dormir le plus et le mieux possible. Et je m’entraîne encore tous les jours, même si je dois parfois me contenter de la salle de gym d’un hôtel », avoue le président du comité de candidature de London 2012. On n’oublie jamais vraiment les baskets et le short quand on a été double champion olympique du 1 500 m (en 1980 et 1984) et qu’en quarante et un jours (c’était en 1979, il avait 23 ans) on a coup sur coup battu trois records du monde (800 m, 1 500 m et mile).

Pourtant, en 1989, il a remisé ses médailles et son maillot au placard pour se lancer dans la politique. Il rejoint le parti conservateur et, en 1992, est élu à la Chambre des communes. Il était déjà le président (le plus jeune de l’Histoire) du Conseil des sports britanniques et membre de la commission des athlètes du CIO. En 1997, le raz-de-marée travailliste lui fait perdre son siège, mais il devient chef de cabinet de William Hague, le leader des Tories. En 2000, il est anobli par la reine et il siège aujourd’hui à la Chambre des lords. « La politique, j’ai toujours su que j’en ferai. Les gens qui me connaissent n’ont pas été surpris de ma reconversion. Après tout, je baigne dedans depuis que je suis petit. La famille de ma mère est d’origine indienne et reste très impliquée dans la politique de ce pays. Mon grand-père a d’ailleurs été ministre sous Indira Gandhi. » « Je n’accepte pas qu’on dise que la politique et le sport n’ont rien à voir », poursuit-il. Pour lui, ce sont deux facettes indissociables du développement social.
En mai 2004, il succède à Barbara Cassani à la tête du comité de candidature de Londres pour les J.O. 2012. Une occasion unique de réconcilier ses deux passions. Se battre pour organiser la plus grande compétition sportive mondiale, c’est pour lui continuer à défendre les principes de Pierre de Coubertin, le créateur des jeux modernes : « L’important, c’est de participer »… Simplement, il ne le fait plus sur les pistes (il fut quand même très déçu, en 1980, à Moscou, quand son compatriote Steve Ovett le battit en finale du 800 m), mais dans les salles de réunion, pour promouvoir les aspects éducationnels du sport.
« Pour la première fois, explique-t-il, mes enfants comprennent ce qu’est mon métier. Je constate qu’il est de plus en plus difficile d’intéresser les jeunes au sport, en raison des multiples distractions que notre société leur offre. Je voudrais montrer que, grâce aux jeux Olympiques, Londres aura la possibilité de résoudre un grand nombre de problèmes internationaux. Après tout, c’est la capitale mondiale de la jeunesse. C’est ici que la majorité des jeunes Africains, Asiatiques ou Européens désirent étudier ou exercer leur premier métier. » De fait, la capitale britannique accueille aujourd’hui pas moins de quatre cents communautés étrangères. Pour Coe, il n’existe que deux langages véritablement internationaux : le sport et la musique.
Au début du mois de juin, il s’est rendu au Ghana pour « vendre » la candidature de sa ville. Aux Africains réunis à Accra, il a expliqué pourquoi Londres recevrait dans les meilleures conditions les athlètes venus du monde entier. Et pourquoi la Grande-Bretagne (qui a le vent en poupe en ce moment, grâce à l’hyperactivité de Tony Blair) désire aider les pays en développement à promouvoir le sport et l’éducation. Proche de nombreux sportifs africains, il assure que si Londres gagne la course olympique elle mettra à leur disposition des centres de formation et d’entraînement pendant les sept années qui précéderont la compétition. Au-delà, il est selon lui tout à fait envisageable qu’à plus ou moins long terme un pays d’Amérique latine ou d’Afrique accueille à son tour les Jeux.

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À quelques jours de la décision finale du CIO, le 6 juillet, sir Sebastian met à profit chaque minute pour convaincre les derniers indécis. En cas de victoire, il a déjà obtenu l’assurance qu’il présiderait le comité d’organisation. Quinze ans après avoir quitté les stades et les podiums, une nouvelle carrière internationale s’ouvre devant lui.

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