Merzak Allouache

Cinéaste

Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Enfant d’Alger, Merzak Allouache a été révélé au milieu des années 1970 par le film Omar Gatlato, chronique douce-amère d’un jeune Algérois macho incapable de nouer une relation normale avec la femme. Son avant-dernier film, Chouchou, interprété par Gad el-Maleh et Alain Chabat, a remporté un franc succès au box-office. Et son dernier long-métrage, Bab el-Web (avec Faudel et Samy Naceri), a connu un destin similaire. Marzak Allouache tourne actuellement une série pour la télévision algérienne. Rencontre aux alentours d’Alger.

Jeune Afrique/l’intelligent : Vous êtes resté fidèle à cette ville, malgré l’éloignement…
Merzak Allouache : Je suis né et j’ai grandi à Alger. Mes premiers films, je les ai faits à Alger. Malgré les départs, malgré les années passées en France, retrouver ma ville natale est toujours un moment de grâce et de bonheur. Plus je m’éloigne d’Alger, plus le lien devient fort. On pourchasse toujours ce que l’on a laissé derrière soi.

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J.A.I. : Quand vous êtes à Paris, qu’est-ce qui vous manque le plus ?
M.A. : Les tumultes, l’anarchie, les bruits, les odeurs. J’aime la nonchalance des Algérois. Impossible de retrouver cette ambiance méditerranéenne dans la grisaille parisienne, où les gens se montrent froids et distants. Il faut peut-être aller à Marseille ou à Nice pour en trouver un équivalent. Pas étonnant que les Algériens appellent Marseille la 49e wilaya [« département »] d’Algérie !

J.A.I. : Pendant longtemps, vous n’avez pas pu faire de cinéma à Alger…
M.A. : J’ai dû tourner Salut cousin (avec Gad el-Maleh dans le rôle principal) à Béjaïa, parce qu’à l’époque, c’est-à-dire en 1996, il était impossible de faire du cinéma à Alger en raison des attaques terroristes. Aujourd’hui, les choses ont beaucoup changé, le terrorisme est derrière nous, et les cinéastes peuvent enfin exercer leur métier librement dans la capitale. Les techniciens étrangers qui travaillent avec moi sont surpris par ce qu’ils découvrent : les restaurants sont ouverts jusque tard le soir, les bars sont bondés, on se promène paisiblement dans les rues et il n’y a pas d’attentats.

J.A.I. : L’Alger de votre enfance, c’était comment ?
M.A. : C’était d’abord un département français. Je suis né pendant la colonisation, et certaines zones étaient interdites aux Arabes. J’habitais Bab el-Oued où j’ai tourné Omar Gatlato – surnommé Bab el-Oued City et Bab el-Web dans le film. Ce quartier est le coeur palpitant d’Alger. Il a connu des moments terribles pendant la guerre d’Algérie et après l’indépendance. Des centaines d’Algériens y ont été mitraillés durant les émeutes d’octobre 1988. Bab el-Oued a aussi connu le terrorisme et n’a pas été épargné par les inondations de novembre 2002. Toutes ces épreuves n’ont fait que renforcer mon attachement à ce quartier.

J.A.I. : Que détestez-vous dans Alger la Blanche ?
M.A. : Les nouvelles constructions. Le centre-ville a été défiguré. On construit n’importe comment, on érige des blocs de béton sans se soucier de l’harmonie architecturale. Alger a une culture et une histoire. Tout cela risque de disparaître.

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J.A.I. : Vous tournez actuellement une série pour la télévision algérienne.
M.A. : C’est l’histoire d’une traversée entre Marseille et Alger avec des personnages loufoques et fantaisistes. Cela me rappelle mon premier voyage en France, qui coïncidait avec ma toute première sortie à l’étranger. Je l’ai effectué en 1964 sur un bateau qui reliait Alger à Marseille.

J.A.I. : Le succès de Chouchou, avec plus de quatre millions de spectateurs, a-t-il relancé votre carrière ?
M.A. : Mes projets sont maintenant plus faciles à monter. Le succès de ce film me permet d’éviter les galères et d’avoir davantage de liberté dans le choix de mes longs-métrages.

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