Les vérités de McNamara

Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

S’il reconnaît qu’en octobre 1962, lorsqu’il était secrétaire à la Défense du président John Kennedy, il n’a pas réalisé à quel point on avait été proche de la guerre nucléaire, Robert McNamara, 89 ans, est aujourd’hui très sensible au danger que représentent les armes atomiques – et à la gravité du problème que posent la Corée du Nord et l’Iran. Mais il ne cache pas, dans une interview au Financial Times, qu’il n’est pas du tout d’accord avec la manière dont le président George W. Bush aborde ce problème.
Quel est le risque ? D’un côté, si la Corée du Nord dispose de l’arme nucléaire, le Japon, puis la Corée du Sud et Taiwan la voudront eux aussi. De l’autre, si l’Iran y accède, l’Arabie saoudite et la Syrie seront elles-mêmes tentées. C’est inacceptable.
Que peuvent faire les États-Unis ? McNamara est catégorique : il n’y a pas d’option militaire, et la seule issue est la diplomatie. Attaquer la Corée du Nord entraînerait des représailles dévastatrices sur la Corée du Sud. Et comment pourrait-on engager des opérations militaires contre l’Iran alors qu’on n’a même pas assez de soldats en Irak ?

Il faut, dit McNamara, se mettre à la place de ces deux pays rattachés par Bush à l’axe du Mal. À la Corée du Nord, il faut faire comprendre que « le changement de régime – sa plus grande crainte – n’est pas notre objectif ». C’est ainsi qu’on avait pu régler la crise de Cuba. Avec l’Iran, c’est plus compliqué. En vertu du traité de non-prolifération, le pays a le droit d’enrichir de l’uranium jusqu’au niveau nécessaire pour une utilisation pacifique. Mais s’il va jusqu’au bout du cycle, il ne sera qu’à un pas de la capacité de fabriquer une arme nucléaire. Jusqu’ici, les États-Unis ont laissé le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France négocier avec Téhéran. Ils devraient accepter maintenant d’avoir un contact direct (si c’est possible avec le nouveau président Mahmoud Ahmadinejad). Dès lors, deux solutions : ou bien s’engager à fournir à l’Iran du combustible nucléaire, ou bien le laisser enrichir celui dont il dispose jusqu’au niveau nécessaire pour fabriquer de l’énergie. Et le faire surveiller par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Négocier avec des pays comme la Corée du Nord ou l’Iran, conclut McNamara, ne serait pas faire preuve de faiblesse.

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