Islam subsaharien
Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 1 minute.
Où en est l’islam subsaharien ? Est-il toujours cette religion pacifique et un peu désuète des marabouts d’antan ? Quant à l’islamisme militant, est-il d’essence traditionnelle, comme on se plaît à le penser, par commodité ou par cécité, ou change-t-il de nature et d’aspect ? L’objectif de cette étude, plutôt ardue, dirigée par Muriel Gomez-Perez, professeure – elle insiste sur le e – à l’université de Laval et soutenue par un collectif de trente chercheurs venus d’universités africaines, européennes et nord-américaines, est de faire le point sur une question qui ne cesse de bouger sur ses bases.
Résultat, l’islam africain, qui oscille entre tradition et renouveau, est désormais travaillé par des forces contraires, contestation d’un côté, réaction de l’autre. Selon les pays et les périodes choisies, les influences les plus diverses, dont le wahhabisme et le réformisme (tajdid), se télescopent dans nombre de pays. Si elles s’annulent dans un cas et s’amplifient dans l’autre, elles participent toutes à la construction d’un nouvel islam. Nous nous trouvons ainsi face aux évolutions doctrinales de demain. Certaines peuvent être qualifiées de « révolutionnaires », avec un présupposé de rupture, d’autres sont mutantes et aléatoires, ce qui les rend dangereuses à terme. Issu d’un colloque tenu à l’université parisienne Denis-Diderot en 2003 et accueilli dans la bonne collection « Hommes et Sociétés » de Jean Copans, cet ensemble plutôt hétéroclite est utile pour tous ceux qui veulent se faire une opinion sur la vitalité d’un sentiment religieux dont on dit par ailleurs – mais ce serait l’objet d’une autre étude – qu’il est combattu par le prosélytisme des Églises américaines.
L’Islam politique au sud du Sahara, Identités, discours et enjeux, sous la direction de Muriel Gomez-Perez, éditions Karthala, 648 pages, 32 euros.
