Diplomatie tous azimuts

Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

L’Algérie gouvernement, classe politique, société civile et opinion redoutait depuis longtemps cette échéance du 1er juillet 2005, date d’entrée en vigueur de l’accord
d’association avec l’Union européenne (UE). Ce saut dans l’inconnu semblait avoir plus
d’inconvénients que d’avantages. Elle savait que les promesses de liberté de circulation
concerneraient plus les biens que les personnes. L’ouverture du marché et la levée
progressive des barrières douanières préconisées par l’accord constituaient une sérieuse
menace pour sa production hors hydrocarbures, qui, déjà, s’exportait si mal. Quant au
déséquilibre politique entre les deux nouveaux associés, il servait d’argument à ses
forces conservatrices qui ne se privaient pas de sortir, à nouveau, le spectre des atteintes à venir à la souveraineté nationale.

Le 2 juillet au matin, l’Algérie s’est réveillée sans la gueule de bois promise par les réticents de tous bords. Non seulement le scénario apocalyptique ne s’est pas produit, mais des deux partenaires, le plus serein n’est sans doute pas l’UE. Agitée par la succession de problèmes posés par l’adoption du traité constitutionnel et par l’élaboration du budget communautaire, l’Europe est dans une mauvaise passe. Peu importe à la diplomatie algérienne qui, cette étape franchie, se concentre sur la prochaine : il s’agit maintenant d’obtenir l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce
(OMC).
Le développement de la coopération militaire avec l’Otan a entraîné la participation de la marine algérienne à l’Endeavour Act, une opération conjointe avec les forces américaines stationnées en Europe de surveillance du trafic maritime dans la partie occidentale de la Méditerranée, comme celle de l’aviation et de l’infanterie à la lutte antiterroriste régionale dans le Sahel, dans le cadre de l’Initiativetranssaharienne contre le terrorisme. Par ce biais, l’Algérie fait coup double : elle a retrouvé sa place de partenaire respecté sur la scène internationale et réhabilité son armée, longtemps suspectée d’être derrière les massacres de villageois, en 1997 et 1998, bien que ceux-ci aient été revendiqués par les groupes islamistes armés.
Quant au continent et à ses institutions, ils semblent être redevenus le véritable centre de gravité de la diplomatie algérienne. Initiateur du Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), le président Abdelaziz Bouteflika a d’ores et déjà inscrit son pays sur la liste des prochains États à recevoir la commission d’évaluation par les pairs. Composée d’experts africains indépendants, elle devra passer au crible la gestion des affaires publiques et les performances du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, pour attribuer à l’Algérie une note en matière de gouvernance. Le rapport devrait être achevé en février 2006.

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Certes, l’Union du Maghreb arabe (UMA) est toujours en panne. Bien sûr, les promesses de
réformes de la Ligue arabe, sexagénaire depuis le 22 mars 2005, relèvent plus du mirage
que du concret. Mais ces échecs ne sont pas le fait de la diplomatie algérienne. En attendant des jours meilleurs sur ces deux dossiers, celle-ci se tourne déjà vers de nouveaux horizons et, en priorité, vers deux pays asiatiques, la Chine et le Vietnam : Abdelaziz Bouteflika devrait se rendre à Pékin et à Hanoi dans les semaines à venir. L’Amérique latine constitue sa seconde cible avec ces géants que sont le Brésil et l’Argentine.

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