Beaux discours et arrière-pensées

Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

A une semaine de la tenue du sommet du G8 sur ses terres (à Gleneagles, en Écosse, du 6 au 8 juillet), le chancelier de l’Échiquier Gordon Brown, fort de la victoire du Parti travailliste aux élections générales en mai, a lancé une grosse pierre dans le jardin de ses amis français, allemands, japonais et même américains. « Nous devons ouvrir nos marchés et supprimer les subventions qui entravent le commerce, et en particulier mettre fin rapidement à la Politique agricole commune [PAC] en fixant une date dès maintenant pour l’arrêt des subventions à l’exportation », a déclaré le très actif ministre des Finances de Sa Majesté, successeur déclaré de Tony Blair, lors d’une conférence à l’Unicef, le 29 juin à Londres. Avant de dénoncer « l’hypocrisie que le protectionnisme des pays développés représente pour les populations des pays pauvres ».

Non content de régler son compte à la France de Jacques Chirac, le chancelier de l’Échiquier met la pression sur les pays riches à cinq mois du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – qui se tiendra à Hong Kong en décembre – pour faire avancer le cycle de Doha sur le commerce et le développement.
Essentiellement tourné vers les services, la finance et l’industrie, le Royaume-Uni n’a plus d’ambition agricole, mais aimerait bien que les pays du Sud ouvrent davantage leurs marchés aux fournisseurs étrangers dans le secteur tertiaire. Or les pays du Sud seraient certainement plus enclins à s’y soustraire en échange d’une forte réduction des subventions agricoles, notamment cotonnières.

la suite après cette publicité

Profitant d’un agenda qui leur est particulièrement favorable – Londres assure actuellement les présidences du G8 et de l’Union européenne -, Blair et Brown multiplient les déclarations en faveur des pays pauvres (annulation de dette, doublement de l’aide et création d’un emprunt pour la financer…), tout en cherchant à promouvoir un monde très libéral sur le plan économique. Le modèle proposé par l’Écossais paraît d’autant plus séduisant que celui-ci peut s’enorgueillir de la bonne santé des finances publiques de la Couronne et de la baisse de moitié du nombre de chômeurs depuis son entrée au gouvernement. Un bilan flatteur qu’il ne manque pas de rappeler à l’envi, mais qui doit néanmoins être relativisé : la baisse du chômage s’explique aussi par l’augmentation du nombre de personnes inactives qui ne cherchent pas d’emploi. Et puis l’avenir pourrait être moins rose pour les Britanniques. Le cabinet d’étude londonien Capital Economics vient de réviser sensiblement à la baisse la croissance du royaume en 2005, à 1,7 %, contre 3,5 % prévus initialement. Raison principale : la consommation des ménages est en berne après trois années de croissance. En fait, l’embellie économique s’est largement construite à crédit. Les banques britanniques ont accordé facilement des prêts garantis en misant sur la plus-value potentielle des logements des ménages. Or, aujourd’hui, la fièvre immobilière est quelque peu retombée, et les dettes accumulées ces dernières années commencent à peser. Les sujets de Sa Majesté ont peut-être du souci à se faire…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires