Autre regard sur la rencontre Aznar-Kadhafi

Publié le 3 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Votre article sur la rencontre Aznar-Kadhafi (voir J.A.I. n° 2317) m’a remis en mémoire une confidence faite par un ami, ambassadeur en poste à Tripoli au moment de cette visite.
Celle-ci est intervenue à une époque où les hôtes de cette importance n’étaient pas légion à Tripoli. L’enjeu étant évident, le leader libyen se donnait visiblement toutes les peines du monde pour en faire un succès. Pour forcer les traits de prétendues affinités hispano-arabes, il a cru utile de rappeler la présence arabe, longue de plus de sept siècles, en Espagne, énumérant les nombreuses influences encore perceptibles dans l’architecture, la langue, les traditions et même dans les patronymes espagnols. Il n’a pas hésité à exprimer son avis sur le passage de Charles Quint en Afrique du Nord, peu avant l’arrivée des Turcs.
Les assauts d’amabilité et les digressions historiques prenaient cependant peu à peu, aux yeux des invités espagnols et du premier d’entre eux, l’allure d’une série d’impairs, ou de provocations. C’est alors que Kadhafi s’avisa de faire cadeau au président du gouvernement espagnol d’un pur-sang, incarnation de la fierté arabe et symbole persistant de la domination mauresque en Espagne. La situation est devenue franchement cocasse lorsque le « Guide » invita son hôte à chevaucher l’étalon. D’un seul coup, on vit le désarroi de José María Aznar face à la haute taille de l’animal, dont la selle était dotée d’étriers manifestement trop longs pour ses petites jambes. Il déclina donc l’offre en marmonnant quelques mots inintelligibles et enchaîna sur un sujet sans rapport avec le contexte. Ses collaborateurs l’accompagnèrent d’un sourire à la fois embarrassé et compréhensif.
Ni le profil caractériel du leader libyen, ni la nature des relations entre les deux pays ne permettaient les sorties martiales dignes d’un caporal de la coloniale dont l’ancien chef du gouvernement espagnol s’attribue généreusement les mérites. Au contraire, mon ami diplomate m’a plutôt parlé d’un Aznar faisant l’effort d’être courtois et prévenant à l’égard du maître de céans, les yeux parfois rivés au sol, loin de l’homme « sûr de lui et dominateur » que suggère sa relation des faits a posteriori.

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