Une région au bord de l’explosion

Publié le 3 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

A l’est de la République démocratique du Congo, les signaux commencent de nouveau à virer au rouge. Dernier drame en date : le massacre, dans la nuit du 26 au 27 mai, de dix-neuf personnes des localités de Kanyola, Nyabuluze, Muhungu et Dhihamba, à quelques kilomètres de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Un scénario classique dans ce territoire de Walungu, fief du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, où toutes sortes d’exactions attribuées généralement aux rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont commises depuis des années. Insécurité galopante, déplacements de populations, menaces répétées du général félon Laurent Nkunda contre le processus de « mixage » de ses hommes avec des militaires des forces régulières, envoi sur le terrain de troupes supplémentaires de la Mission de l’Organisation des Nations unies au Congo (Monuc)
Une nouvelle implosion menace. Pour éviter une catastrophe, plusieurs membres du gouvernement se sont ainsi rendus, les 21 et 22 mai, dans les deux provinces du Kivu, où ils ont fait part de la nécessité d’organiser une table ronde réunissant des représentants de toutes les communautés. L’affaire est d’autant plus urgente que, de l’avis général, les tensions actuelles sont dues, en partie, à certains hommes politiques de la région mécontents de ne pas avoir été « casés » dans les nouvelles institutions du pays. Mais, la tenue de ce conclave semble déjà compromise. Plusieurs élus des deux Kivus estiment en effet que le pouvoir central de Kinshasa, en voulant lancer une telle initiative, s’engage sur « une mauvaise piste ». Et de rappeler qu’en 2004 le gouvernement de transition avait déjà envoyé une importante délégation à Goma, dans le Nord-Kivu. « Pendant une semaine, souligne un chercheur congolais, tout le monde a été entendu, des résolutions ont été prises. Mais cela n’a mené à rien. »
S’il n’y a pas de conflit intercommunautaire à proprement parler, des risques d’escalade sont réels entre des milices d’autodéfense organisées qui continuent de s’armer, dans une région où les AK-47 sont à la portée du premier venu. D’après certains analystes, des violences ne sont pas à exclure, notamment à cause du problème foncier devenu « un véritable outil de guerre ». Plus que jamais, la partie orientale de la RDC doit faire face à la menace permanente de conflits locaux, exacerbés par un manque de leadership sur le plan national. Ad Melkert, secrétaire général adjoint de l’ONU et administrateur associé du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), estime, après avoir effectué fin avril un séjour dans le Nord-Kivu, que « la situation, qui est plus grave et plus compliquée qu’on ne l’avait pensé après les élections de 2006, nécessite une attention particulière de la communauté internationale ».

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