Suppléant, sinon rien
Publié le 3 juin 2007 Lecture : 1 minute.
Le problème de la représentation de la diversité en politique se pose avec une acuité particulière à l’occasion des élections législatives. Rendez-vous démocratique majeur entre une communauté nationale diverse et ses institutions représentatives, ce scrutin pouvait augurer de changements profonds à l’instar de la dynamique d’ouverture et de la parité qui ont prévalu après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française.
Si le nombre de candidats aux législatives de 2007 montre une présence grandissante des personnes issues de la diversité, à droite comme à gauche, la perspective de voir des députés « noirs » ou « arabes » siéger à l’Assemblée nationale en juin prochain reste dérisoire. Selon les projections électorales, seul(e)s deux ou trois député(e)s peuvent au mieux obtenir l’onction du suffrage direct d’une majorité de Français.
La faute à un électorat encore trop frileux, me direz-vous ? Pas vraiment ; une majorité de Français (51 %) estime même dans une enquête récente* qu’une meilleure participation politique des Français « d’origine étrangère ou de couleur » améliorerait la situation du pays. Non, la faute plutôt au manque de courage et de clairvoyance des appareils politiques qui ont positionné ses candidats dans des circonscriptions délibérément « non gagnables ». Une tradition subtile de la pédagogie politique actuelle qui consiste à faire éprouver à ses « ouailles » le goût de la défaite avant celui de la victoire. Un constat que désapprouvent, selon la même enquête, deux tiers de Français (69 %), qui considèrent que les partis et responsables politiques représentent mal les citoyens « de couleur ou d’origine étrangère ».
Or il y avait, dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy, l’occasion unique d’introduire une vraie dose de diversité au sein de l’Assemblée par le biais de la mécanique électorale des suppléants, en particulier de ceux des candidats ministres ou futurs secrétaires d’État
Monsieur le Président, encore un effort, SVP !
* Enquête du Cevipof pour Sciences-Po, mars 2007
