Pourquoi le « patron » est tombé

Publié le 3 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Qui succédera à Hama Amadou, le Premier ministre du Niger renversé le 31 mai par une motion de censure déposé par l’opposition ? Seule certitude, l’Assemblée nationale proposera dans les prochains jours trois candidats au président Mamadou Tandja. Selon toute vraisemblance, le chef du gouvernement sortant ne sera pas reconduit. En sept ans à la primature, il a eu le temps de se faire beaucoup d’adversaires, sinon d’ennemis, jusque dans son propre camp.
Président du Mouvement national de la société de développement (MNSD-Nassara), le parti au pouvoir, Hama Amadou était souvent accusé par ses camarades de vouloir tout phagocyter : l’armée, où il a ses entrées, comme les milieux d’affaires. Bref, il apparaissait à beaucoup comme le véritable patron du pays. C’est peut-être là la vraie raison de sa chute. Car enfin, son parti et ses alliés de la Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama), de Mahamane Ousmane, étant largement majoritaires à l’Assemblée (88 députés, contre 25 pour l’opposition), jamais la motion de censure n’aurait dû être adoptée !
Dans sa descente aux enfers, Hama Amadou a même été lâché par Mamadou Tandja, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas montré beaucoup d’empressement à le défendre. Le président a-t-il profité de l’occasion pour se débarrasser d’un dauphin devenu encombrant ? Quant à Mahamane Ousmane, président de l’Assemblée nationale et allié du MNSD, il se trouvait au Nigeria, où il assistait à l’investiture du président Umaru Yar’Adua, et n’est rentré à Niamey qu’après le vote de la motion de censure. Cette absence est l’illustration du malaise qui règne au sein de la coalition : Ousmane n’aurait pas été consulté lors de la formation du nouveau gouvernement, au mois de mars.
L’éclipse de Hama Amadou est une victoire pour Mahamadou Issoufou, le leader du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarrayya), qui est à l’origine de la motion de censure. Cet ancien Premier ministre – et candidat malheureux à la dernière présidentielle -, avait décidé d’engager une croisade contre la corruption, à la suite des révélations réitérées de Maman Abou, le directeur de l’hebdomadaire Le Républicain. Pour parvenir à ses fins, il a dû s’efforcer de rallier à sa cause un grand nombre de députés, de la majorité comme de l’opposition. Manifestement, il y est parvenu, et le Niger s’achemine peut-être vers une cohabitation.

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