Que faire du Nigeria ?

Publié le 3 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Débattre du développement en Afrique sans trouver d’abord le moyen d’établir des relations raisonnables, constructives, avec le Nigeria est un peu comme parler de l’Amérique latine en oubliant le Brésil. Le Nigeria est la deuxième économie de l’Afrique subsaharienne, et l’on estime que ses 130 millions d’habitants représentent au moins un Africain sur six. C’est le premier producteur de pétrole du continent, et il fournit 10 % des importations américaines du brut.

Depuis le retour du pouvoir civil en 1999, le Nigeria n’a guère donné de signes de sortie de crise. Malgré les quelque 300 milliards de dollars de revenus pétroliers, dont il a disposé depuis l’indépendance de 1960, sa population n’a pas des conditions de vie meilleures que celles des pays sans ressources. Le revenu moyen stagne à moins de 1 dollar par jour, et un cinquième des enfants meurent avant l’âge de 5 ans.
L’assouplissement du contrôle exercé par les militaires a à certains égards aggravé la fragmentation sociale d’un pays où les tensions régionales ont toujours existé depuis qu’il a été créé par des Britanniques en 1914. Le Nigeria est composé de centaines de groupes ethniques qui parlent des centaines de langues ; la question de savoir si c’est un pays viable a provoqué des débats, une guerre civile et une mosaïque de conflits locaux. Le président Olusegun Obasanjo a inauguré en février une conférence sur la réforme constitutionnelle prévue pour durer trois mois, mais de nombreux dirigeants de l’opposition déclarent que son ordre du jour est trop limité et qu’elle est noyautée par des partisans du Parti démocratique populaire, au pouvoir.

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Le partage du pouvoir tel qu’il est pratiqué actuellement convient à beaucoup de personnalités influentes, surtout depuis que les gouverneurs d’État et les gouvernements locaux ont un contrôle direct sur la moitié des revenus pétroliers annuels du pays, qui dépassent les 20 milliards de dollars. Dans le Nord, à majorité musulmane, une dizaine de gouverneurs d’État ont cru bon de manifester leur autonomie en appliquant des châtiments prévus par la charia islamique, tels que l’amputation des voleurs ou la lapidation des femmes adultères. Cette décision a provoqué des émeutes religieuses qui ont été en grande partie responsables des quelque 10 000 morts ou davantage occasionnées par les affrontements entre communautés depuis 1999. Si l’on y ajoute les assassinats perpétrés par les forces de sécurité du pays, la présidence d’Obasanjo est probablement la période la plus sanglante qu’ait connue le Nigeria depuis la guerre civile de 1967-1970.

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