Expertise asiatique

Publié le 3 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

La naissance d’une nouvelle organisation non gouvernementale (ONG) est souvent porteuse d’espoirs. En parrainant le Conseil afro-asiatique des affaires, lancé le 30 mars à Port-Louis (Maurice), en présence d’une cinquantaine de dirigeants de société, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le gouvernement du Japon souhaitent aider les entreprises africaines à bénéficier de l’expertise de leurs homologues orientales et promouvoir les partenariats. Doté d’un financement de 1,1 million de dollars pour les trois premières années d’exercice, l’Afrasia Business Council prévoit la mise en place d’une vingtaine de centres multiservices en Afrique et en Asie qui appuieront les opérateurs économiques en matière d’information, de conseil juridique, de création d’entreprises, d’évaluation et de gestion des projets. Ce nouveau pont jeté entre les deux continents a pour noble ambition d’enrayer la marginalisation de l’Afrique, dont la contribution au commerce mondial est tombée de quelque 6 % en 1980 à environ 2 % actuellement. Principale raison : les économies subsahariennes restent très dépendantes de leurs exportations de matières premières, dont les cours ne cessent de dégringoler sous l’effet conjugué du démantèlement des caisses de stabilisation des produits agricoles et du libre marché. Le « piège des produits de base » entraîne les pays africains dans une spirale de pauvreté, tandis que l’Europe, l’Amérique du Nord et, de plus en plus, l’Asie acquièrent leurs matières premières à vil prix et maintiennent leurs marges industrielles et commerciales. Si le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont leur part de responsabilité dans cet échec pour avoir imposé une libéralisation à marche forcée et des privatisations anarchiques, la grande faute des dirigeants africains est de ne pas avoir créé les conditions d’un développement propice et moderne du secteur privé : les données statistiques sont rares et souvent erronées, l’environnement juridique des affaires est obsolète ou mal appliqué, les banques sont frileuses, sans parler du coût exorbitant des facteurs de production (énergie, télécommunications, transport, etc.) et de la corruption. Alors qu’à Hong Kong on crée son entreprise en moins de onze jours avec des procédures administratives allégées, le lancement d’une société requiert cent quatre-vingt-huit jours en République démocratique du Congo et cent trente-cinq jours au Burkina Faso… Un vrai parcours du combattant.
À de rares exceptions près (Afrique du Sud, Tunisie, Maroc, Sénégal), les États africains ne proposent pas un cadre approprié au développement industriel et commercial. Pourtant, de plus en plus de groupes asiatiques – cherchant de nouveaux débouchés et profitant de leurs excès de devises – partent à l’assaut du marché continental. Ils investissent essentiellement dans les mines, le pétrole, l’agriculture, le textile, les télécommunications et l’automobile. Des investissements jusqu’à présent très ciblés, qui portent sur l’acquisition de matières premières et la commercialisation de produits « made in Asia »…, mais qui n’induisent pour l’Afrique ni transfert technologique ni développement industriel.

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