On ne change pas une équipe… qui perd

Relativement épargné par la version définitive du rapport Winograd, Ehoud Olmert a aussitôt entrepris de retirer les fruits politiques de ce coup de main inespéré.

Publié le 3 février 2008 Lecture : 2 minutes.

On allait voir ce qu’on allait voir ! En avril 2007, la publication en Israël de la première partie du rapport d’enquête sur la guerre déclenchée au mois de juillet précédent contre le Hezbollah au Liban n’avait pas suffi à faire tomber le gouvernement du Premier ministre responsable de l’agression : accroché à son immuable vieille branche (« C’est moi ou l’extrême droite, moi ou Bibi Netanyahou »), Ehoud Olmert avait su déjouer tous les pièges de son parti, de la Knesset et même de la rue, réussissant à conserver son poste malgré un niveau d’impopularité rarement atteint dans une démocratie parlementaire.
On s’attendait donc qu’Eliyahou Winograd lui porte l’estocade en rendant public le rapport final de la commission sur le comportement du gouvernement israélien et les défaillances de l’armée jusqu’à l’ultime et désastreuse offensive lancée aux dernières heures de la guerre de 2006. Le 30 janvier, la version définitive du document a enfin été divulguée, au terme d’une investigation minutieuse. Mais il semble bien que cette épée de Damoclès brandie durant plusieurs mois au-dessus de la tête des responsables israéliens n’ait été qu’une épée de papier (de 600 pages tout de même !). Certes, l’ex-juge ne manque pas de qualifier d’emblée la guerre du Liban de « grand ratage », en observant « des manquements graves au plus haut niveau de l’échelon politique et militaire », ainsi que le fait que « Tsahal n’a pas répondu aux besoins de défense du pays », échouant notamment à faire cesser les tirs de roquettes. C’est le constat contraire qui eût été surprenant ! Mais au-delà de ces redites, les éléments nouveaux figurant dans le rapport final tendraient plutôt à amender les conclusions, extrêmement dures, qui avaient déjà été diffusées l’an dernier à l’encontre du gouvernement Olmert. En effet, aussi fâcheuses qu’elles se soient révélées par la suite, les décisions de celui-ci ont bien été prises « en fonction d’une approche sincère des intérêts de l’État d’Israël ».
Si les objectifs fixés n’ont pas été atteints, c’est donc moins à la suite d’erreurs politiques que parce que « l’armée n’était pas prête pour une telle opération ». Cela, on le savait si bien à Tel-Aviv que le ministre de la Défense, Amir Peretz, le chef d’état-major, Dan Haloutz, et les principaux responsables de la Défense avaient déjà été écartés. En outre, des programmes de formation ont d’ores et déjà été mis en place pour remédier aux faiblesses de Tsahal et, désormais, le nouveau Conseil de sécurité nationale devrait faire obstacle aux décisions intempestives de membres incompétents du gouvernement ou de l’armée. Bref, ce qui risquait d’être pour Olmert le coup de grâce se révèle plutôt comme un coup de main inespéré. L’intéressé a aussitôt entrepris d’en retirer les fruits sur le plan politique en tentant de dissuader son actuel ministre de la Défense, Ehoud Barak, de démissionner, comme il avait promis de le faire. Pas question de changer une équipe qui perd !

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires