Benazir Bhutto et Rafic Hariri : destinées parallèles

Publié le 3 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs similitudes ont rapproché Benazir Bhutto et Rafic Hariri, aussi bien dans la vie que dans la mort. Parallèlement, d’énormes différences caractérisent le traitement international des dossiers des deux grands disparus.
Bhutto et Hariri ont été chefs de gouvernement de leurs pays respectifs, multiconfessionnels et multiculturels 1 : l’énorme Pakistan (803 400 km2) et le petit Liban (10 452 km2). Tous les deux étaient à la tête de fortunes qui leur ont permis de mener une carrière politique sans compter sur les subsides des autres. Tous les deux ont bâti une dynastie politique familiale appelée à assurer leur continuité. Tous les deux étaient très bien vus des anciens occupants anglais et français. Tous les deux ont connu l’exil et ont été accueillis à bras ouverts à l’étranger. Enfin, au moment où ils essayaient de reprendre les rênes du pouvoir, l’un et l’autre ont été lâchement assassinés, en décembre 2007 et février 2005.
Leur assassinat a provoqué la compassion générale dans leur pays, mais aussi et surtout à l’étranger. Là s’arrêtent les similitudes et là commencent les écarts surprenants dans les attitudes observées par la communauté internationale. Dans un cas, l’assassinat de Rafic Hariri, une rigueur à toute épreuve ponctuée par une cascade de résolutions du Conseil de sécurité, l’envoi de commissions d’enquête, la mise à l’index de pays voisins « voyous », des interventions de toutes sortes dans les affaires intérieures d’un État censé être souverain et enfin la constitution d’un tribunal de caractère international dans des conditions de légalité suspectes.
Dans l’autre cas, l’assassinat de Benazir Bhutto, des déclarations platoniques de condamnation émanant des sommités de ce monde, des télégrammes de condoléances, mais rien de concret : ni commission d’enquête, ni résolutions, ni tribunal à caractère international.
Il est vrai qu’à la tête du Pakistan se trouve un chef d’État bien accommodant, aux convictions démocratiques peu poussées, mais qu’importe ? C’est un allié sûr qu’il ne faut surtout pas mettre en difficulté après sa dernière réélection si « honnête et régulière » ! Il est vrai aussi que Benazir Bhutto n’a pas fait de grandes largesses aux anciens maîtres de son pays. Elle ne les a pas couverts d’honneurs et n’a pas mis d’hôtels particuliers à leur disposition à Londres ou à Paris.

1. Elle a exercé deux mandats de Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996. Depuis 1998, elle était en exil à Dubaï puis à Londres. Il a dirigé cinq gouvernements entre 1992 et 2004, de 1992 à 1998 et de 2000 à 2004.

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