Une bombe à double tranchant

Publié le 2 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Que répondent les dirigeants israéliens à ceux qui demandent pourquoi l’Iran ne serait pas autorisé à acquérir les armes qui sont déjà dans l’arsenal de pays voisins, comme le Pakistan et l’Inde ? La réponse générale est que « l’Iran est le seul pays dont le président, Mahmoud Ahmadinejad, déclare ouvertement qu’il a l’intention de détruire l’État d’Israël ». C’est typiquement un argument à double tranchant avancé par un pays qui rayonne d’un éclat nucléaire et dont un ministre blanchi sous le harnais a eu la responsabilité des armes stratégiques et a menacé de bombarder le barrage d’Assouan.

Quelle sera la politique d’Israël – ou celle de l’Amérique – si aux prochaines élections iraniennes, Ahmadinejad devait passer la main à un président plus modéré qui annoncerait que l’Iran reconnaît le droit d’Israël d’exister dans les frontières de 1967 ? L’Iran deviendra-t-il un État musulman « modéré » qui, comme, disons, le Pakistan, a le droit d’avoir des armes nucléaires ? Il fut un temps où notre ami le shah régnait sur l’Iran, puis sont venus les ayatollahs, auxquels nous avons été heureux de vendre des armes, jusqu’à ce que les choses se compliquent. Les régimes vont et viennent, mais les armes nucléaires restent.
Israël a récemment bombardé un réacteur nucléaire syrien en ?construction. On a prétendu que les États-Unis avaient approuvé l’opération et étaient allés jusqu’à encourager la violation de la souveraineté syrienne par Israël. La Syrie fait partie de l’axe du Mal, essentiellement en raison de ses liens avec l’Iran, de son implication au Liban et ?de son incapacité feinte à empêcher l’infiltration en Irak d’extrémistes antiaméricains. Mais c’est un phénomène bien connu, dans le monde en général et au Moyen-Orient en particulier, qu’un leader détesté ?peut devenir un ami très proche du jour au lendemain. Quelles seraient ?les politiques israélienne et américaine à l’égard du programme nucléaire syrien si le président Bachar al-Assad annonçait son intention de rompre avec l’Iran, de ne plus intervenir au Liban et de colmater la frontière avec l’Irak ?

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Un voyage à Jérusalem il y a trente ans a fait de l’ennemi numéro un, Anouar al-Sadate, un héros de la paix. Le président Hosni Moubarak est considéré comme un homme intelligent, partisan de la paix et ami de l’Occident. Il a même été démocratiquement élu. Ou à peu près. Que se passerait-il si, un jour, alors que le réacteur nucléaire fonctionnerait en Égypte, les Frères musulmans faisaient à l’héritier de Moubarak ce que leurs frères du Hamas ont fait à Mahmoud Abbas ? Enverrions-nous des avions bombarder le réacteur nucléaire égyptien ? Et que ferait le monde libre avec le Pakistan si ses armes nucléaires tombaient entre les mains des islamistes ? Est-ce que quelqu’un proposerait une action préventive et l’invasion d’Islamabad ?

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