Puissance montante

Publié le 2 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Avril 1974 : la Révolution des illets met fin à quarante-deux années de dictature au Portugal. Douze ans plus tard, en janvier 1986, le pays devient membre de l’Union européenne, dont il assure actuellement la présidence. Et c’est un Portugais, José Manuel Barroso, qui préside depuis 2004 la Commission européenne. Au cours des trente-trois années écoulées, le Portugal est redevenu une démocratie, a mené la décolonisation de ses provinces d’outre-mer, a connu un développement remarquable, joue désormais un rôle spécifique en Europe et exerce une réelle influence sur la scène internationale. Mais pour qui connaît l’histoire du Portugal et l’âme des Portugais, une pointe de nostalgie reste perceptible.
Il y a six siècles, les puissantes couronnes de l’Espagne et du Portugal semblaient se partager une grande partie d’un monde que les découvertes de courageux navigateurs, le zèle des missionnaires, l’impétuosité des militaires et les convoitises des conquistadors révélaient à l’Europe : Caraïbes, Amérique latine et centrale, Afrique, Indes, et même Chine et Japon. Mais pour le Portugal, le rêve se brisa rapidement, la couronne de Lisbonne fut pour trois siècles confisquée par les souverains de Madrid, le Brésil prit son indépendance au début du XIXe siècle. Puis vint la reconquête de Goa par l’Inde en 1961, et la perte des possessions africaines, de Timor, de Macao
L’espoir d’être de nouveau entendu au-delà des mers n’a jamais complètement disparu. Certains appellent cette aspiration le « sébastianisme », en souvenir du jeune roi Sébastien du Portugal, qui, à la fin du XVIe siècle, voulut conquérir le Maroc, perdit son armée et disparut sur le champ de bataille. Depuis ce jour lointain, un puissant courant, presque mystique, attend le retour de Sébastien, symbole de la renaissance du pays.
Les dirigeants successifs de Lisbonne ont tous uvré pour un renouveau du rôle du Portugal. Ce fut, en 1996, la naissance de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), regroupant, outre le Portugal, le Brésil, le Timor-Est et les anciennes colonies africaines (Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mozambique, São Tomé e Príncipe). En 1998, le parc des Nations accueille l’Exposition universelle de Lisbonne, un événement tourné à la fois vers le passé et vers l’avenir. C’est en ce même lieu que se tiendra les 8 et 9 décembre le deuxième sommet Union européenne-Afrique. La rencontre réunira les représentants de 53 pays africains (y compris le Maroc, qui n’est pas membre de l’Union africaine), 27 pays européens, la Commission de l’Union africaine et la Commission européenne.
Le Portugal n’avait pas ménagé ses efforts pour que se tienne au Caire, en 2000, le premier sommet de ce type. Les difficultés n’avaient pas manqué, et plusieurs subsistent encore, qui ont provoqué le report du deuxième, prévu à l’origine en 2003. Mais Lisbonne estime que la gravité des problèmes politiques et économiques africains nécessite la discussion et la mise en uvre rapides du partenariat stratégique global avec l’Afrique, adopté en 2005 par les dirigeants européens. Cet objectif atteint, le Portugal pourra s’estimer satisfait d’avoir pu organiser cette rencontre.

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