Le CPA attendra des jours meilleurs

À quarante-huit heures de la dernière étape, Alger décide de suspendre la privatisation du Crédit populaire algérien. Tout un symbole.

Publié le 2 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Deux jours avant l’ouverture des plis, dernière étape du processus de privatisation du Crédit populaire algérien (CPA), un communiqué laconique du ministère des Finances a annoncé, le 25 novembre, la suspension de l’opération. Le lendemain, Fatiha Mentouri, ministre déléguée à la Réforme financière, donne à Alger une conférence de presse pour expliquer les motivations ayant poussé son gouvernement à geler le processus : « Les incertitudes nées de la crise des valeurs hypothécaires [la crise des subprimes aux États-Unis, NDLR] ont provoqué un manque de visibilité dans les marchés financiers. » En d’autres termes, le moment n’était pas des plus indiqués pour la première privatisation d’une banque publique, d’autant plus si cette cession devait servir d’exemple pour l’opération suivante, l’ouverture du capital de la Banque de développement local (BDL).
Insistant sur la transparence qui caractérise la démarche entreprise par le gouvernement algérien, Fatiha Mentouri a tenu à rassurer partenaires et experts financiers : l’ouverture du secteur ou sa privatisation sont des options irréversibles. Langue de bois ? Cela ne ressemble pas au personnage dont les rares sorties médiatiques ont toujours été instructives. Celle du 26 novembre n’a pas fait exception. La ministre déléguée a notamment détaillé les différentes phases du processus de cession du CPA. Du lancement de l’opération à la préqualification des candidats, en octobre 2006, en passant par le recrutement d’une banque d’affaires devant piloter le projet, le 20 février 2006. Six candidats sont alors retenus. L’américain Citibank, l’espagnol Santander, les français de BNP Paribas, Société générale, Banque populaire et Crédit agricole.
Fatiha Mentouri a confirmé que Santander s’est retiré de la compétition, étant par ailleurs engagé dans la reprise du groupe néerlandais ABN Amro. Elle a révélé que Citibank jette l’éponge à son tour. Frappé de plein fouet par la crise des subprimes, le groupe américain s’engage dans une opération de restructuration et de recapitalisation. Enfin, le 23 novembre, soit quatre jours avant l’ouverture des plis, le Crédit agricole a demandé, selon Fatiha Mentouri, un report de quelques semaines pour déposer son offre définitive. Restaient alors en course Société générale, BNP Paribas et Banque populaire. La brutalité de l’annonce fait-elle suite à ces soudaines défections ? Remet-elle en cause le processus engagé et l’intérêt des groupes financiers pour le CPA ? Pas du tout ! réplique Fatiha Mentouri, arguant de la légitimité de la prudence des autorités monétaires et financières algériennes.

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