L’affaire Ousmane Sow

Publié le 2 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Qui ne connaît Alexandre Dumas, auteur immortel du Comte de Monte-Cristo et best-seller planétaire ? On connaît moins son fils, également prénommé Alexandre, qui a quand même laissé une petite trace dans l’histoire littéraire (La Dame aux camélias). Mais on ignore souvent que le grand-père de ce dernier n’était pas n’importe qui. Métis d’un marquis normand et d’une esclave noire, Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie (son vrai nom) est né en 1762 en Haïti. Héros des guerres de la Révolution, il fut, à 31 ans, le premier officier d’origine africaine à accéder au grade de général dans l’armée française, en 1793.
Les trois Dumas étaient réunis par la grâce de la sculpture sur une place du XVIIe arrondissement de Paris. Jusqu’à ce qu’en 1942 la statue du grand-père – le plus « basané » des trois – soit déboulonnée par les occupants allemands. La statue n’a jamais été remplacée. Une injustice qu’entend aujourd’hui réparer l’écrivain parisien Claude Ribbe, qui a lui aussi des origines aux Antilles et compte parmi ses uvres une biographie de Dumas père.
En 2002, le Conseil de Paris, emballé par son idée d’offrir une réplique de la statue à Haïti, vote en faveur de l’érection d’un nouveau monument. Aussitôt, Ribbe prend contact avec Ousmane Sow, le grand sculpteur sénégalais, qui, en 1999 sur le pont des Arts, enchanta les Parisiens avec son exposition Little Big Horn. Las, l’esquisse proposée par l’artiste – un cheval et son cavalier – n’a pas l’heur de plaire à la commission d’art de la ville, qui, en 2006, rejette le projet, qu’elle trouve « convenu ». On croit rêver !
Mais Ribbe ne se résigne pas et lance une pétition en faveur de la statue de Sow, persuadé que l’approche des élections municipales joue en sa faveur. Il se trouve que le XVIIe arrondissement est le fief de Françoise de Panafieu, qui conduira les listes de la majorité présidentielle au printemps 2008. Dans son entourage, on laisse entendre que le vrai reproche adressé à l’artiste sénégalais est d’avoir travaillé en 1999 avec l’équipe de Jean Tiberi, l’ancien maire de droite
Visiblement affecté, Ousmane Sow ne veut plus entendre parler de statue de Dumas pour l’instant. « Je travaille sur autre chose, nous a-t-il déclaré, depuis Dakar, et n’ai aucune autre proposition à faire. J’ignore la véritable raison du rejet de mon projet. La mairie de Paris estime qu’un cheval cabré, c’est du déjà-vu. Cet argument est débile, car mon cheval est un animal agonisant. Il ne se cabre pas, il s’effondre, ses pattes arrière ne le soutiennent plus. »

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