Grandeur et décadence
Publié le 2 décembre 2007 Lecture : 1 minute.
Alors que l’État hébreu célébrera, en 2008, le soixantième anniversaire de sa création, des voix israéliennes s’élèvent pour lancer un cri d’alarme : l’esprit qui a prévalu lors de la fondation de l’État est en train de s’évanouir. Selon Dan Ben David, professeur d’économie à l’Université de Tel-Aviv, les « cerveaux » commencent à fuir le pays. Un professeur israélien sur cinq exerce aux États-Unis, explique-t-il dans Haaretz. En outre, le niveau de vie de la population a baissé. La progression du revenu par habitant est seulement de 1,7 % par an, contre 2,1 % dans les pays industrialisés. La reprise attendue cette année (+ 3,3 %) ne suffira pas à combler la longue stagnation antérieure.
La croissance du PIB, qui était de 5,3 % par an en moyenne de 1990 à 2000, n’était plus que de 1,9 % de 2000 à 2005. Une situation qui s’explique, selon Ben David, par les dysfonctionnements inhérents au système israélien (instabilité à la tête du gouvernement et désengagement de l’État des services publics). Une analyse confirmée par son homologue de l’Université hébraïque de Jérusalem, Nathan Sussman, qui stigmatise, dans The Economist, la chute des dépenses publiques en faveur de l’éducation : – 0,7 % par an et par habitant. « Le système éducatif est devenu le plus mauvais du monde occidental », renchérit le professeur Ben David. C’est une des raisons qui expliquent le déclin israélien : baisse de la compétitivité dans les industries (hors secteur high-tech), accroissement des inégalités La part de pauvres dans la population totale a augmenté, passant de 17 % en 1998 à 20 % en 2007. Un enfant sur trois vit désormais dans une famille pauvre. Deux franges entières de la population sont exclues du système économique : les ultra-orthodoxes (qui préfèrent s’adonner à l’étude de la Torah) et les Arabes israéliens (qui sont rejetés par les entreprises au profit des travailleurs étrangers). Et Ben David de se demander si la génération actuelle d’Israéliens saura sauvegarder l’héritage des pères fondateurs, autrement dit si Israël existera encore en l’an 2068 pour fêter son 120e anniversaire.
