À l’affiche

Publié le 2 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

W.
d’Oliver Stone (sorti à Paris le 29 octobre)

Oliver Stone aime les sujets politiques. Et tout particulièrement ceux qui concernent les présidents américains. Deux de ses plus grands succès ont été JFK, une contre-enquête controversée sur l’assassinat de Kennedy, et Nixon, un portrait peu flatteur de l’occupant de la Maison Blanche qui dû démissionner après le scandale du Watergate. Aujourd’hui, il s’attaque – au sens propre du mot – à George W. Bush.
L’essentiel du film se passe de nos jours à Washington, mais, à l’aide d’innombrables flash-back, le réalisateur entend expliquer le naufrage de cette présidence. Passé directement de l’alcoolisme à la religiosité sans pour autant acquérir le moindre sens moral, W. est présenté comme un être vulgaire, totalement superficiel et facilement manipulable.
Oliver Stone pense pouvoir expliquer la quête du pouvoir de Bush par son besoin de démontrer à son père, qui l’a toujours tenu en piètre estime, qu’il n’était pas un incapable. Cette approche vaguement psychanalytique n’est pas nécessairement fausse, mais elle est aussi simpliste que le personnage auquel elle s’applique.
Au final, un film qu’on peut trouver un peu long mais plaisant, si on le considère comme une comédie politique. Mais pourquoi le cinéaste a-t-il tenu à le sortir à la veille du duel Obama-McCain du 4 novembre ? S’il s’agissait de faire voter démocrate, l’effet sera nul : Bush n’est pas candidat et W. ne nous apprend rien de nouveau sur les républicains. Le « vrai » portrait de W., celui qui ne pourra être réalisé qu’avec le recul du temps et l’apparition d’informations inédites, reste à venir.

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Faro, la reine des eaux
de Salif Traoré (sorti à Paris le 29 octobre)

On a toutes les raisons de prêter attention à ce premier film, qui a fait l’ouverture du Fespaco 2007, où il a été bien accueilli. Les longs-métrages maliens sont en effet fort rares ces temps-ci, et celui-ci, réalisé par Salif Traoré – principal assistant de Souleymane Cissé -, bénéficie de surcroît d’un beau casting, avec notamment Sotigui ?Kouyaté et Habib Dembélé.
Il raconte le retour au village de Zan, chassé autrefois à cause de son origine adultérine. Devenu ingénieur, il entend à la fois retrouver son père, que sa mère refuse obstinément de nommer, et faire évoluer les habitudes et les attitudes en apportant sa compétence pour promouvoir un projet de barrage sur le fleuve. Mais la majorité des villageois n’entend pas être bousculée. D’autant que Zan semble avoir suscité la colère de Faro, la reine des eaux, qui ne veut pas être dérangée.
Ce récit villageois est séduisant esthétiquement, le réalisateur filmant superbement la nature. Mais de belles images et de bonnes intentions ne sont pas suffisantes pour faire une uvre de premier plan. Comme il ne parvient pas à renouveler vraiment le thème tradition-modernité, Salif Traoré, malgré son message humaniste et son plaidoyer pour le développement, ne réussit qu’à proposer un long-métrage aussi sympathique que peu convaincant.

The Visitor
de Thomas Mac Carthy (sorti à Paris le 29 octobre)

Un professeur d’économie en fin de carrière, que son veuvage a rendu misanthrope, découvre que son pied-à-terre new-yorkais est squatté par deux clandestins, un musicien syrien et sa compagne sénégalaise. Au lieu de les chasser, il se lie peu à peu d’amitié avec eux et commence à revivre.
On pourrait craindre un mélo insupportable. Mais c’est tout le contraire. Grâce à la sensibilité et à la rigueur de la réalisation, ainsi qu’au jeu remarquable des acteurs, le film est une réussite totale. Et une charge efficace contre la politique d’immigration des États-Unis.

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Quantum of Solace
de Marc Foster (sorti à Paris le 31 octobre)

Le James Bond annuel, donc une superproduction pleine d’action. Les inconditionnels aimeront. Les autres seront déçus par cette histoire qui voit 007 affronter un redoutable « homme d’affaires » qui a décidé de prendre le contrôle des ressources en eau douce de la planète. Les acteurs surjouent toutes les situations, et celles-ci sont tellement caricaturées qu’on se lasse de suivre l’intrigue.

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Mensonges d’État
de Ridley Scott (sortie à Paris le 5 novembre)

Ce énième film anglo-saxon sur le terrorisme a pour héros, d’une part un agent infiltré dans des réseaux de fanatiques musulmans (Leonardo DiCaprio), d’autre part son agent traitant au siège de la CIA (Russel Crowe), lequel n’agit qu’à partir de son salon à l’aide de son ordinateur portable. Bien que très « politiquement correct » et très convenu quant à son « message » (haro sur les méchants terroristes et leurs complices réels ou objectifs qui ne méritent bien sûr aucune pitié !), ce long-métrage se voit sans ennui grâce à la réalisation très efficace de Ridley Scott.

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