La Mauritanie récolte les fruits de l’austérité

Une croissance de plus de 6 % et des réserves de change record. Les effets positifs de la politique de rigueur menée depuis 2009 se font sentir.

Deuxième secteur du pays après les industries extractives, la pêche tire la croissance, avec une hausse de près de 30 % des exportations en 2011. J.B. Russell/Cosmos

Deuxième secteur du pays après les industries extractives, la pêche tire la croissance, avec une hausse de près de 30 % des exportations en 2011. J.B. Russell/Cosmos

CECILE-MANCIAUX-2024

Publié le 29 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Rebond de la production agricole, dynamisme du BTP et de la pêche, bonnes performances du secteur minier (or et fer)… À l’issue de la mission de ses experts à Nouakchott, en septembre 2012, le Fonds monétaire international (FMI) a prévu une croissance du PIB mauritanien aux alentours de 7 % pour 2013, après avoir revu à la hausse, de 5,3 % à 6,2 %, ses estimations pour 2012. La politique d’austérité engagée par Mohamed Ould Abdelaziz depuis son élection, en 2009, a permis au pays de stabiliser son cadre macroéconomique et, après avoir enregistré une croissance soutenue pendant deux ans, de clairement décoller.

Cliquez sur l'image.Une performance d’autant plus louable qu’elle s’est faite dans une conjoncture difficile, marquée par un ralentissement de la production minière, un tassement de la demande européenne début 2012 et l’augmentation des cours des produits alimentaires et pétroliers. Sans oublier le contrecoup de la sécheresse de 2011. Celle-ci a en effet nécessité une augmentation des importations des denrées de base et la mise en place d’un plan de solidarité pour les plus démunis, baptisé Emel (« espoir ») et lancé fin janvier 2012. Les industries extractives ont considérablement contribué à la croissance, en particulier la filière aurifère, avec l’augmentation de la production et la forte hausse des cours de l’or. Le pays a aussi tiré parti de ses abondantes ressources halieutiques, augmentant ses exportations de poisson de près de 30 % en 2011. La tendance devrait se confirmer en 2013, grâce à la conclusion de nouveaux accords de pêche avec l’Algérie et un groupe chinois, ainsi que le renouvellement de ceux passés avec l’Union européenne.

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Cliquez sur l'image.0px solid rgb(0, 0, 0); float: left;" />Produits d’exportation

La hausse des prix à l’exportation des minerais et des produits de la mer a permis de compenser l’augmentation des dépenses, de contenir l’inflation à 6 % (elle devrait rester stable en 2013), de réduire le déficit du compte courant et d’atteindre un niveau record de réserves de change. À la fin de 2012, ces dernières étaient en effet évaluées à 750 millions de dollars (567 millions d’euros), soit l’équivalent de 5,3 mois d’importations (contre 501,6 millions de dollars en 2011, soit 3,5 mois d’importations). Le pays est ainsi parvenu à s’assurer une marge de manoeuvre budgétaire et des réserves de devises suffisantes pour résister aux éventuels aléas climatiques ou retombées négatives de la conjoncture internationale en 2013.

Ces résultats ont conduit le FMI à ouvrir à la Mauritanie, le 27 novembre, une tranche de financement supplémentaire de 16,9 millions de dollars dans le cadre du programme 2010-2013 de Facilité élargie de crédit, portant le montant des décaissements alloués au titre de ce dispositif à 101,6 millions de dollars (sur un total de plus de 118 millions).

La hausse des recettes minières (avec l’augmentation de la production et la fin de la période d’exonération fiscale pour le projet aurifère Kinross Tasiast) et l’effort considérable de recouvrement des impôts ont compensé, au-delà des prévisions, le coût du programme Emel. Les recettes fiscales ont en effet plus que triplé entre 2010 et 2012. Le nombre de PME contribuables a quintuplé (de 380 à plus de 1 860) et celui des sociétés au capital supérieur à 100 millions d’ouguiyas (environ 250 000 euros) est passé de 210 à plus de 570.

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Mais le développement du secteur privé reste pour le moment limité par le déficit en infrastructures et le difficile accès au financement. Le gouvernement a par ailleurs encore fort à faire pour améliorer le climat des affaires (le pays se place au 167e rang sur 185 dans le classement « Doing Business » 2013 de la Banque mondiale), notamment à travers l’application systématique du dernier code des marchés publics, l’adoption du nouveau code des investissements, la restructuration des entreprises publiques, la réforme du secteur financier, l’élimination progressive des subventions, ainsi que le renforcement du cadre de concertation avec le secteur privé.

En outre, les bons résultats du pays ne lui ont pas encore permis de rattraper son retard en matière de développement humain. La moitié des Mauritaniens vit en dessous du seuil de pauvreté national et 11 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire. Par ailleurs, le taux de chômage demeure supérieur à celui des autres pays de la région. Il est estimé à 31,2 % de la population active et atteint, selon le FMI, un seuil particulièrement critique chez les jeunes de 15 ans à 24 ans (60 %) et chez les femmes (66 %). C’est l’un des principaux sujets d’inquiétudes du gouvernement.

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