3 questions à Oumou Sy

Styliste, ancienne gérante du premier cybercafé sénégalais

Publié le 2 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : En 1996, vous avez lancé le Métissacana, premier cybercafé en Afrique de l’Ouest francophone. Qu’est-ce qui a motivé cette initiative ?
Oumou Sy : Lors d’un séjour à Genève, un ami webmaster [responsable d’un site Internet, ndlr] m’a suggéré l’idée. Moi qui ne savais utiliser ni clavier ni souris, je suis restée sceptique. Je lui ai demandé de m’emmener dans un cybercafé et de taper mon nom pour voir s’il se trouvait quelque part sur le Net. À ma grande surprise, des pages me présentant se sont affichées. J’ai alors pensé que ce serait bien d’offrir ce service dans mon pays. Mais je ne voulais pas que mon cyber soit comme ceux d’Europe : petit, enfumé et avec des gens hypnotisés par l’écran. En fait, j’ai tout de suite su qu’Internet pouvait être un outil très utile aux Africains, surtout à ceux vivant dans les campagnes. De retour au Sénégal, dès que j’ai obtenu l’autorisation, j’ai ouvert mon cybercafé.
Comment le public a-t-il réagi ?
Très vite, j’ai eu une clientèle variée composée aussi bien de Sénégalais, que d’étrangers déjà habitués à utiliser Internet J’ai fait appel à des animateurs qui, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, aidaient les néophytes à se connecter, à faire des recherches, à créer des boîtes mail, à envoyer des courriers électroniques Parmi mes clients, je comptais même des imams effectuant des recherches sur la religion ou encore des personnes âgées intéressées par les sites spécialisés dans la santé. Malheureusement, en 2001, suite à des différends avec le fournisseur d’accès Sonatel [Société nationale des télécommunications] et avec l’État, ma licence de provider [fournisseur d’accès, ndlr] a été suspendue. Aujourd’hui, il n’y a même plus d’ordinateurs au Métissacana.
Comment voyez-vous l’évolution d’Internet en Afrique ?
Je suis fière d’avoir été parmi les premiers en Afrique à offrir un accès public au Net. À l’époque, grâce aux animateurs du Métissacana, les connexions étaient mieux contrôlées et le Web était utilisé pour des choses utiles et saines. Je déplore aujourd’hui, par exemple, qu’il soit si facile d’accéder à des sites pornographiques. Pour moi, Internet, c’est fait pour éduquer. D’ailleurs, pendant trois mois, en 1996, j’ai sillonné tout le pays avec une camionnette, un ordinateur, des câbles et un groupe électrogène pour montrer les vertus du Web. Je reste convaincue qu’Internet peut être un excellent outil de développement. Mon grand rêve, c’est de connecter tous les villages, même les plus reculés.

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