Quand Messmer écrivait à Chirac

Publié le 2 septembre 2007 Lecture : 1 minute.

Décédé le 29 août, l’ancien Premier ministre français Pierre Messmer n’a jamais cessé de s’intéresser à l’Afrique. En septembre 2006, celui qui fut haut fonctionnaire dans l’administration coloniale avait écrit au président Jacques Chirac au sujet de la présence des forces françaises en Côte d’Ivoire, lettre à laquelle il n’a pas reçu de réponse :
« Notre politique est fondée sur l’idée que la sortie de crise, c’est-à-dire la réunification, passe par l’élection honnête d’un président et d’une Assemblée, établissant ainsi un pouvoir légitime, écrivait-il alors. Ma longue expérience africaine m’inspire de sérieux doutes sur l’efficacité de cette méthode très occidentale. J’ai appris que la démocratie en Afrique s’exerce sous des formes différentes des nôtres. []
« Dans ces conditions, notre présence militaire [] devient dangereuse pour la France et néfaste pour la Côte d’Ivoire. [Elle] est de plus en plus mal comprise, car elle conforte une situation que tout Africain – même hors Côte d’Ivoire – ressent comme inacceptable puisque nous n’avons plus à protéger nos nationaux qui ont, pour la plupart, quitté le pays. [] Bientôt, nous serons accusés de colonialisme.
« Pour la Côte d’Ivoire, notre interposition militaire a, au début, évité la guerre civile. Aujourd’hui, elle consolide en la pérennisant une sécession à laquelle nous voulons aider à mettre fin. »
Le retrait des forces françaises, poursuivait Messmer, « comporte des risques mais la continuation de la politique actuelle, c’est l’enlisement assuré dans l’impuissance, le désordre et la corruption. Si je me déclare hostile à la poursuite de notre intervention militaire en Côte d’Ivoire, c’est parce que je crois que la France ne peut ni ne doit faire le bonheur des Africains sans eux ni malgré eux. »

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