Le coup de pouce de Mbeki
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Alors que le discours prononcé par le chef de l’État français à Dakar, le 26 juillet, avait suscité des réactions indignées sur le continent, Thabo Mbeki a semblé voler au secours de l’Élysée. Le 2 août, le président sud-africain a remercié son homologue pour ce discours « puissant et émouvant », soulignant « son courage et son honnêteté ». Citant – en français – deux passages sur le « métissage », Mbeki se félicite de pouvoir compter sur Sarkozy comme « un citoyen de l’Afrique, un partenaire dans la lutte pour la véritable renaissance africaine. » C’est probablement l’utilisation de cette dernière expression par Sarkozy à Dakar qui a poussé son principal auteur, Thabo Mbeki lui-même (il l’a lancée il y a cinq ans), à prendre la plume pour féliciter l’Élysée.
Rendue publique, la lettre n’a pas manqué de susciter l’émoi. Comment l’un des défenseurs les plus acharnés du progrès africain et de l’anticolonialisme pouvait-il saluer un texte qu’on avait jugé empreint de conceptions passéistes ? À Pretoria, on rectifie le tir. Les commentaires portaient en réalité sur une partie du discours et non pas sur l’ensemble des propos. « La lettre du président Mbeki, nous explique Mukoni Ratshitanga, son porte-parole, se rapporte à l’engagement de Nicolas Sarkozy à être partenaire du développement du continent et de sa renaissance. Le président Mbeki veut engager la communauté internationale à mettre l’accent sur le développement de l’Afrique. La lettre qu’il a envoyée au président Sarkozy doit être lue dans ce contexte. »
Dans son billet hebdomadaire publié sur le site Internet du Congrès national africain (www.anc.org.za), Mbeki a également évoqué le discours de Sarkozy en le rapprochant des déclarations faites au même moment à l’ONU par le Premier ministre britannique, Gordon Brown. En remerciant chaleureusement ses homologues français et anglais pour leurs attentions, Mbeki cherchait donc plutôt à encourager l’Europe à peser de tout son poids pour soutenir le continent dans les négociations du cycle de Doha au sein de l’Organisation mondiale du commerce et dans les accords de partenariat économique avec l’Union européenne. Les souhaits exprimés par ailleurs par Nicolas Sarkozy de voir le continent – et l’Afrique du Sud en particulier – mieux représenté au sein des grandes organisations internationales ne sont probablement pas non plus tombés dans l’oreille d’un sourd
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