Déficit sécuritaire

Publié le 2 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Réunis les 27 et 28 août à Kigali, au Rwanda, les chefs d’état-major des armées rwandaise, congolaise, ougandaise et le chef d’état-major adjoint de l’armée burundaise se sont engagés à rechercher la paix. Passage obligé : neutraliser les rebelles encore actifs dans la région. D’où la création d’une « cellule conjointe de planification pour développer des plans opérationnels ». Elle sera composée des responsables des opérations et des services de renseignements des quatre pays. La prochaine rencontre est prévue ce mois-ci à Kisangani (nord-est de la RD Congo). La première s’était tenue à Bujumbura (Burundi), en avril.

L’un des enjeux de cette réunion était la demande rwandaise d’un feu vert de Kinshasa pour lancer des opérations contre les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), omniprésents à l’est de la RDC et dont le nombre est estimé à 20 000. Ces hommes, dont certains sont accusés de génocide, restent un point de friction entre les deux voisins. Pour le moment, les Congolais se contentent de dire que les FDLR doivent rentrer au Rwanda, sans préciser quand ni comment. Lors de la rencontre d’avril, Kinshasa s’était déjà opposé à tout déploiement de forces étrangères sur son territoire. « Nous n’avons aucune garantie du côté rwandais, estime une source proche de l’armée congolaise. Cela risque de nous exposer à une nouvelle invasion, sous une autre forme. Surtout si les Ougandais s’en mêlent. Nous n’avons pas oublié les affrontements entre les armées rwandaise et ougandaise dans notre pays entre 1998 et 2003. » Autant dire que la méfiance règne toujours entre Kigali et Kinshasa.
Alors que les chefs des armées essayaient de dialoguer, sur le terrain, au Nord-Kivu, des combats opposaient des éléments fidèles au général congolais dissident Laurent Nkunda à des soldats des Forces armées de la RDC (FARDC). Exit le processus de mixage entamé en janvier. Pour Nkunda, Kinshasa n’a pas respecté l’accord signé à Kigali suite à une médiation rwandaise. Réplique sèche du lieutenant général Dieudonné Kayembe Mbandakulu, chef d’état-major général des FARDC : « Si accord il y a, qu’on le produise. En principe, les accords sont écrits, non ? Ne sommes-nous pas sortis depuis longtemps de la tradition orale ? »

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Le cas FDLR est un véritable casse-tête pour la RDC. Objectivement, les rebelles hutus ne constituent plus une menace directe pour le Rwanda. En effet, selon Jason Stearns, expert de l’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG) à Nairobi, les FDLR n’exercent plus la moindre pression militaire sur leur pays d’origine depuis 2001. En même temps, il n’est pas question pour le régime rwandais de les reconnaître comme un parti politique, a fortiori d’entamer des négociations avec eux, même si le nombre de génocidaires parmi ces rebelles n’est pas connu avec précision. Les Rwandais restent en effet convaincus qu’il existe une collusion entre les FARDC et les FDLR. « C’est une manuvre de diversion, répond une source militaire congolaise. Quand ils occupaient notre pays, ils ne sont jamais venus à bout des FDLR. » Selon un rapport du bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), les rebelles rwandais sont, au même titre que les forces fidèles à Nkunda, responsables de la déstabilisation dans l’est de la RDC. Ils massacrent des civils, pillent, rançonnent et se livrent à toutes sortes de trafics. Une situation rendue possible par la faiblesse et la désorganisation des FARDC. Chikez Diemu, ministre congolais de la Défense, le reconnaît volontiers : « C’est une faiblesse momentanée et non pas une fatalité. Pourquoi s’attarder sur des obstacles alors que 90 % du territoire sont aujourd’hui pacifiés ? »

Pour résoudre les problèmes de l’armée, Chikez Diemu a élaboré un plan directeur global à mettre en uvre dans les deux ans. Il le présentera dans le courant du mois aux partenaires de la RDC. Qualifiant Nkunda de « bandit de grand chemin », il promet un châtiment exemplaire à « tous ceux qui continuent à tuer la population pour des raisons mercantiles ». Des promesses qui restent à concrétiser.

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