Croissance externe

Publié le 2 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Ironie de l’Histoire, si le Maroc a quitté l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1984, il reste l’un des piliers du panafricanisme. C’est en janvier 1961 qu’a été signée la Charte africaine de Casablanca, premier document définissant des objectifs supranationaux, dont la création d’un marché commun africain et d’une citoyenneté africaine unique, tout en apportant son soutien aux peuples en lutte pour l’indépendance. La véritable rupture survient à partir de 1975. Rabat est critiqué par l’OUA pour sa politique au Sahara occidental. Après dix ans de palabres, le roi Hassan II, excédé par l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, émanation du Front Polisario) au sein de l’organisation, décide d’en claquer la porte.
Depuis ce jour, Rabat n’a cessé de mener sa propre action au sud du Sahara. Une action tout d’abord diplomatique, orchestrée par le palais royal, qui a progressivement glissé vers le terrain économique et commercial. Les enseignes de Royal Air Maroc, de Maroc Télécom ou d’Attijariwafa Bank ont peu à peu fait leur apparition dans le paysage urbain d’Afrique francophone. Dans le sillage de ces groupes, des entreprises plus modestes, sur des créneaux très spécialisés, ont commencé à vendre leur expertise sur des marchés jusqu’ici phagocytés par des opérateurs occidentaux.

Petites et grandes entreprises ont trouvé en Afrique subsaharienne des clients susceptibles de favoriser leur croissance externe à un moment où le marché intérieur marocain commençait à donner des signes d’essoufflement. C’est notamment le cas pour les banques ou les télécoms, qui voient aujourd’hui se réduire leurs perspectives de développement au plan strictement national et profitent de la longueur d’avance dont ils disposent à l’échelle du Maghreb pour conquérir de nouveaux horizons. Là encore au détriment de leurs concurrents européens, jusqu’ici quasiment seuls en lice de l’autre côté du Sahara.
Si le tropisme africain de la diplomatie chérifienne procède d’une forte volonté royale, le déploiement des entreprises marocaines n’en est pas moins appuyé par les plus hautes autorités politiques du pays. Et quoi qu’en dise Moulay Hafid Elalamy, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), les pouvoirs publics sont les premiers soutiens des investisseurs. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer les ambitions de certains opérateurs publics, notamment l’Onep (Office national de l’eau potable) ou l’ONE (Office national de l’électricité), tous deux en quête de nouveaux contrats au sud du Sahara. Une démarche que les entreprises impliquées, qu’elles soient privées ou publiques, assument sans état d’âme. Pour preuve, l’ONE a apporté son appui technique aux autorités ghanéennes pour l’organisation du sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu du 1er au 3 juillet à Accra. Certes, le Ghana reconnaît la RASD, et le Maroc, lui, n’est toujours pas membre de l’UA. Comme quoi les entrepreneurs marocains, à l’instar de leur monarque, se veulent avant tout pragmatiques…

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