Jean-Louis Billon : « La culture du résultat n’est pas la même »

L’ancien patron de Sifca Jean-Louis Billon, récemment nommé ministre ivoirien du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME, répond aux questions de « Jeune Afrique » dans le cadre d’un article paru cette semaine sur le thème des patrons du privé appelés à servir l’État.

Jean-Louis Billon est ministre ivoirien du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME. © Camille Millerand/JA

Jean-Louis Billon est ministre ivoirien du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME. © Camille Millerand/JA

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 28 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

L’ancien patron du groupe Sifca revient sur les différences qui existent entre la gestion d’une entreprise et celle d’un ministère. Il répond, sans ambages : un style qu’il semble avoir gardé malgré ses nouvelles fonctions.

Jeune Afrique : Quelles sont les différences entre la gestion d’un ministère et celle d’un groupe privé ?

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Le système est plus lourd que dans le privé, où l’on est plus réactif et flexible.

Jean-Louis Billon : Le système est plus lourd que dans le privé, où l’on est plus réactif et flexible. Cela tient notamment du fait qu’un État est un gage de continuité. Et pour introduire une nouveauté il faut du temps.

Votre management est-il compatible avec le fonctionnement de l’administration ?

Je me fie aux remarques des mes collaborateurs qui, il est vrai, insinuent parfois que certaines de mes méthodes ont la marque du secteur privé. La plupart ne s’en plaignent pas et sont ouverts au changement.

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On parle souvent de la culture du résultat, qui n’est pas la même dans le privé que dans le public, qu’en pensez vous ?

La culture du résultat n’est pas la même que dans le privé, c’est sûr, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de résultats dans l’administration. Par contre, l’évaluation du résultat est une notion nouvelle.

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Être ministre, c’est aussi être sous les projecteurs… souvent contre son gré. Comment gérez-vous cette nouveauté ?

Dans le privé, on communique lorsqu’on a des résultats, on maîtrise le moment de ses interventions. En politique, on se doit de répondre chaque fois qu’on est interpelé, les sujets interviennent sans qu’on ne les choisisse. Mais il est important d’être bousculé, cela nous permet aussi d’avancer.

La nomination d’un patron au poste de ministre est toujours suivie d’une attente de résultat plus grande…

Je suis conscient des attentes que ma nomination a suscitées, d’autant que, lorsque j’étais président de la Chambre de commerce, j’ai souvent interpelé le gouvernement. Aujourd’hui je suis au pied du mur, je dois démontrer que ce que je prônais, je peux le réaliser.

Je dois démontrer que ce que je prônais, je peux le réaliser.

Que répondez-vous à ceux qui peuvent soupçonner des conflits d’intérêt ?

J’ai de mon propre chef démissionné de mes fonctions au sein de mes sociétés, avec tout ce que cela comporte, comme la perte de revenus. Mais c’est un sacrifice que je fais sans problème. Et je suis moi-même intransigeant avec les questions d’éthique.

Il y a quelques jours, une société appartenant à votre famille, Movis, dirigée par votre jeune frère, a été pré-selectionnée pour la construction d’un second terminal sur le port d’Abidjan…

Movis n’est pas sous ma tutelle et le processus a démarré bien avant ma nomination.

Vous considérez-vous mal payé aujourd’hui ?

Soyons réalistes : nous sommes bien payés au gouvernement. Ce serait indécent de dire le contraire.

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