Savoir lire les signes

Publié le 2 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

L’Union africaine tient sommet à Banjul. Comment le paysage africain se présente-t-il en ce mois de juillet 2006 devant les chefs d’État, commissaires et ministres réunis dans la capitale gambienne ? Qu’y a-t-il de neuf sur notre vieux continent, berceau de l’humanité ?
Les participants au sommet sont, comme vous et moi, attentifs aux signes indicateurs d’évolution. Même s’ils n’en parlent pas, ils auront relevé :
1. Qu’au Bénin comme aux Comores – et ailleurs, demain ? -, les électeurs ont rejeté les figures connues, traditionnelles, pour introniser des hommes neufs.
Quelle est l’ampleur de ce rejet ? Jusqu’où ira cette volonté de renouvellement ?
2. Qu’un ancien chef d’État, Charles Taylor, parce qu’il a cru possible de rééditer en 2000 ce que Hissein Habré et Mengistu Haïlé Mariam avaient perpétré dans les années 1980, a fini, lui, devant un tribunal international.
La photo de l’ancien dictateur, menotté, aura plus fait que tous nos articles et tous les discours des démocrates africains pour que ses émules encore au pouvoir fassent attention.
3. Que le référendum mauritanien, auquel a été soumise une Constitution qui interdit à un chef d’État de s’éterniser au pouvoir et de « bricoler » la Constitution de son pays (voir pp. 34-35), a reçu une approbation, massive, impressionnante.
C’est un événement qui fera date : il sera de moins en moins possible à un président de modifier à sa guise la Constitution de son pays pour « se donner de l’air ».
4. L’omniprésence politique et économique de la Chine en Afrique rend de plus en plus difficile à la poignée de pays africains* qui reconnaissent Taïwan et entretiennent des relations diplomatiques avec cette île dissidente de persévérer dans cette attitude fondée sur l’intérêt à court terme.
L’Afrique du Sud et le Sénégal l’ont compris. À qui le tour ?
5. Le plus grand pays de l’Afrique centrale, la République démocratique du Congo (RDC), est à la veille d’élections générales dont on attend qu’elles le ramènent à une vie normale. On espère que le plus grand pays (francophone) d’Afrique de l’Ouest, la République de Côte d’Ivoire, engagé dans la même direction depuis le début de cette année, sortira lui aussi de la crise d’ici au début de 2007.
Si ces deux événements se réalisent et si ces deux grands pays se stabilisent comme, avant eux, le Mozambique et l’Angola, l’Afrique du XXIe siècle sera différente de celle de la fin du XXe : elle aura fait l’expérience des guerres civiles et en sera sortie vaccinée.
6. Pour ses matières premières et ses richesses minières – mais pas seulement -, le continent attire non plus seulement ses anciennes puissances coloniales, mais, désormais, les grands pays ou ensembles de pays qui comptent en ce début de XXIe siècle : États-Unis, Europe, Brésil, Chine, Inde, Russie.
Les dirigeants de ces puissances sillonnent le continent, multiplient les invitations.
Il reste à l’Union africaine et aux pays qui la composent à savoir tirer parti de cet intérêt que leur porte un monde devenu multipolaire.

Les hommes et les femmes réunis à Banjul qui dirigent la politique et l’économie des pays africains sentent que l’Afrique bouge et que le paysage mondial se transforme.
Les signes évoqués ci-dessus disent aux hôtes de Banjul et à nous tous : À bon entendeur, salut !

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* Burkina, Gambie, Liberia, Malawi, Swaziland, Tchad et São Tomé et Príncipe.

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