Tunisie : Nazeh Ben Ammar, un héritier sur mesure
Nazeh Ben Ammar, président de la société d’ingénierie textile Mami, accélère la diversification du consortium familial. Il vise notamment la Libye.
Sous les ordres de Nazeh Ben Ammar, Mami connaît depuis quelques années une seconde jeunesse. À 47 ans, cet ingénieur poursuit pied au plancher la diversification du consortium familial, dont les activités ont débuté en 1964 dans le secteur textile. Fin 2012, il a ainsi piloté la création d’une coentreprise détenue à parts égales avec le groupe tunisien El-Euch, afin de distribuer au Maghreb des produits alimentaires (lait, yaourts, biscuits…) en provenance des Pays-Bas et de Turquie.
« Le projet avance à pas de géant. Nous allons bientôt commencer nos importations en Tunisie, et la Libye devrait suivre dans les semaines à venir », indique le patron, qui vise également les marchés subsahariens. À la clé, un programme d’investissement de plusieurs millions de dinars d’ici trois à cinq ans. « Malgré les incertitudes politiques, nous faisons le choix d’entreprendre pour créer de la richesse, par ce que c’est ce dont le pays a besoin », explique l’ancien président de la Chambre de commerce tuniso-américaine, par ailleurs membre fondateur de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect).
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Autre dossier qui monopolise l’attention de Nazeh Ben Ammar : la signature d’accords de représentation commerciale, qu’il gère en direct. « Le contrat que nous avons avec Samsung depuis près de deux ans pour les produits destinés aux professionnels [climatiseurs, smart TV, etc., NDLR] est très prometteur. En 2012, nous avons réalisé ensemble environ 4 millions de dinars de chiffre d’affaires [1,92 million d’euros], et nous visons entre 7 millions et 8 millions cette année », se réjouit-il. Une réussite qui, espère-t-il, pourrait lui permettre de distribuer également les produits de la multinationale coréenne en Libye.
Formé aux États-Unis dans les universités Columbia et Stanford à la fin des années 1980, Nazeh Ben Ammar ne songeait pas, au début, à intégrer un jour l’entreprise Mami. « Après mes études, j’ai été recruté par Schlumberger, d’abord pour travailler à San Francisco… puis dans le désert libyen », se remémore-t-il. Le changement d’environnement est tellement brutal que le jeune ingénieur jette l’éponge et préfère rejoindre une société d’investissement basée en Allemagne. ? Dès son arrivée, on lui confie la supervision d’un projet en Tunisie dans le secteur de l’emballage. « Puis, très vite, mon oncle [l’ex-PDG Majed Mami, décédé depuis] m’a convaincu de le rejoindre pour développer les affaires familiales », explique-t-il.
En quelques années, Nazeh Ben Ammar fait évoluer la clientèle de la société spécialisée dans le sourcing de matières premières et l’implantation d’usines textile, en privilégiant les clients étrangers venant installer des unités de production en Tunisie. Même si le secteur de la confection connaît une période de crise, il représente encore 20 % du chiffre d’affaires de 74 millions de dinars réalisé par la dizaine de PME (environ 350 salariés) gérées par la famille Mami. Une part qui va d’ailleurs augmenter à la suite de l’acquisition, en novembre 2012, de l’usine Germania, à Sfax. « La précédente direction avait des problèmes avec les représentants syndicaux, mais nous avons trouvé un accord. Nous prévoyons d’embaucher 120 personnes pour permettre le redémarrage de cette unité de production », révèle Nazeh Ben Ammar.
Unité
Sans avoir consolidé ses différentes activités dans un holding, la famille est également présente dans la promotion de projets immobiliers de haut standing et dans la fabrication de plastiques alimentaires, un pôle piloté par Mongi Mami, un autre oncle de Nazeh Ben Ammar.
Même si elle a fait ses preuves, cette gouvernance, décentralisée et fondée sur des prises de participation croisées, pourrait évoluer. « C’est ce que préconisent nos conseillers fiscaux et financiers », avoue Nazeh Ben Ammar, conscient cependant qu’il doit avant tout préserver l’unité familiale. « Pour l’heure, notre organisation n’est pas un obstacle à notre développement, car les banques nous voient déjà comme un groupe à part entière », précise-t-il.
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