RD Congo : ARM creuse un trou et puis s’en va
Pour se diversifier dans le cuivre, African Rainbow Minerals avait pris part au projet de Kalumines, au Katanga. Las, peu convaincu par le potentiel de la mine, le groupe sud-africain va céder ses parts à la Gécamines.
La cession des parts d’African Rainbow Minerals (ARM) dans le projet d’exploitation du cuivre de Kalumines, au Katanga, sonne la fin de l’aventure en RD Congo du groupe basé à Johannesburg. Le protocole d’accord en vue de la prise de contrôle totale du projet par la Générale des carrières et des mines (Gécamines) devait être finalisé le 24 janvier, selon Albert Yuma Mulimbi, président de la société publique. Jusqu’à présent, cette dernière en détenait 40 %, le reste étant aux mains de Teal, coentreprise entre ARM et le brésilien Vale.
Fondé et développé par le milliardaire sud-africain noir Patrice Motsepe, figure de proue des milieux économiques postapartheid, ARM pesait, fin juin 2012, un chiffre d’affaires annuel de 17,5 milliards de rands (soit 1,7 milliard d’euros, en hausse de 18 % par rapport à 2011), avec 3,45 milliards de rands de bénéfices. Grâce à des prises de participation réalisées à la faveur du Black Economic Empowerment – la discrimination positive sud-africaine -, Patrice Motsepe s’est taillé un empire dans les filières platine, charbon et manganèse en Afrique du Sud. Sans oublier la part de 16 % qu’ARM détient dans le groupe aurifère Harmony Gold.
Depuis le début des années 2000, le groupe s’est lancé dans un plan de diversification pour affronter plus sereinement la volatilité des prix, notamment du platine et du fer (63 % des revenus en 2012). Pour équilibrer son portefeuille minier, il a notamment misé sur le cuivre. « Pour se développer dans ce minerai, nous n’avions pas d’autre solution que de sortir de nos frontières, chose que nous n’avions jamais faite jusqu’alors. Naturellement, deux pays africains, proches et riches en cuivre, se sont imposés à nous : la Zambie et la RD Congo », se souvient Dan Simelane, ancien directeur général de l’exploration, aujourd’hui patron de l’activité cuivre. « Nous nous sommes alliés à Vale, expérimenté dans les métaux de base, et avons commencé à explorer des zones en Zambie, au Katanga, mais aussi en Namibie et au Mozambique », détaille le responsable d’ARM.
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Critères
De ces projets, après l’abandon de Kalumines, seul subsiste désormais celui de Lubambe, en Zambie. « Notre stratégie de développement tient en deux points, explique Dan Simelane. Dans les métaux de base, nous savons que les infrastructures sont essentielles. Nous ne décidons d’ouvrir une mine que si nous avons la garantie absolue de pouvoir évacuer nos minerais. Autre principe, nous ne nous intéressons qu’à des gisements ayant une longue durée de vie. Le projet de Kalumines ne satisfaisait pas ces deux critères, d’abord en raison de la taille des gisements, mais surtout à cause de la faiblesse de l’approvisionnement en électricité et des infrastructures routières. » Une opinion que ne partage pas Albert Yuma Mulimbi, patron de la Gécamines. « Si nous reprenons ce projet, c’est parce que le partenaire n’a pas rempli ses obligations contractuelles », dénonce-t-il, faisant état du manque d’empressement d’ARM à investir sur le site pour terminer l’étude de faisabilité.
Pour ARM, la priorité est donc désormais à la montée en puissance de la mine de Lubambe, démarrée en octobre 2012. « Nous comptons produire 45 000 tonnes de cuivre à partir de 2015, puis 100 000 d’ici à cinq ans avec l’extension de la mine », annonce Dan Simelane. Et le groupe sud-africain continue de regarder ailleurs : « Dans le cuivre, nous sommes à l’affût d’autres opportunités en Zambie. Et dans le fer, nous nous intéressons à la Mauritanie et à la Guinée », détaille le directeur. Et d’ajouter : « Nous n’excluons pas de revenir en RD Congo… mais sur un projet qui corresponde à nos critères d’investissement. » Après l’échec du partenariat de Kalumines, pas sûr que la Gécamines l’entende de cette oreille.
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