Amadou Kane gère le Sénégal comme une entreprise

Le Ministre de l’Économie et des Finances fait partie de ces patrons qui ont accepté d’entrer en politique. Portrait d’un banquier accompli.

Avant de devenir ministre, Amadou Kane a été banquier au sein du Groupe BNP Paribas pendant plus de quinze ans. © Vincent Fournier/JA

Avant de devenir ministre, Amadou Kane a été banquier au sein du Groupe BNP Paribas pendant plus de quinze ans. © Vincent Fournier/JA

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 4 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Son parcours professionnel est sans faute. Né à Thiès en 1954, Amadou Kane, banquier émérite, est devenu ministre de l’Économie et des Finances à la suite de l’élection de Macky Sall, en mars 2012. Pourquoi s’être risqué en politique ? « On ne peut pas se contenter de rester au bord de la route et de critiquer. Et puis être ministre est aussi un moyen d’ajouter une nouvelle corde à mon arc », répond-il, comme si son curriculum vitæ n’était pas encore assez garni.

Du privé au public

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Années 1980
Exerce au sein de l’Union des banques arabes françaises (Ubaf)

1990
Conseiller du président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), chargé des questions financières.

1996
Administrateur et directeur général de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis, Groupe BNP Paribas)

2006
PDG de la Bicis

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2012
Ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal

Le défi n’était pas mince. Exsangue, « l’État bouchait les trous avec de nouveaux emprunts à des taux mal négociés », se souvient Amadou Kane. « Et le service de la dette devenait insupportable. Entre 2006, année de l’annulation de la dette contractée auprès de l’Association internationale de développement, et le 31 mars 2012, l’endettement du pays est passé d’environ 1 200 milliards à 2 740 milliards de F CFA [de 1,8 milliard à 4,2 milliards d’euros, NDLR] ! »

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Credo

Face à cette situation, il a dû s’adapter : « J’étais habitué à chercher les bénéfices, maintenant je dois gérer la dette… » Administrer l’État en bon père de famille, voilà son credo. « Nous avons annulé ou différé des dépenses injustifiées. » Homme de résultats, il annonce avoir fait mieux que les engagements pris auprès du Fonds monétaire international (FMI) : le déficit s’élèvera à 6 % du PIB en 2012, peut-être moins, contre les 6,4 % négociés et les 8,2 % atteints en 2011. « Je dois à tout prix passer au-dessous des 5 % en 2013. »

Amadou Kane dit avoir traité les urgences sans tuer la croissance (3,7 % en 2012) et tout en réduisant la dette. Il compte atteindre les 4,3 % de croissance en 2013, et 7 % en moyenne entre 2013 et 2017. Réforme du code des impôts fin 2012, mise en place du code de transparence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), renforcement des pouvoirs de la Cour des comptes, soutien au secteur agricole… « Je n’ai jamais autant travaillé, il y a toujours des urgences, des décisions à prendre, il n’y a pas de répit », avoue-t-il.

L’ancien banquier doit aussi composer avec une administration peu habituée à être managée comme une entreprise. « Il faut renouer avec le culte de l’État et arrêter de servir des intérêts privés. On ne négociait même pas les taux d’intérêt, on ne s’attaquait pas aux réformes nécessaires pour débloquer les 28 milliards de F CFA de la Banque mondiale… L’État, c’est comme une entreprise ! » assure celui qui dit qu’il ne sera satisfait que si la croissance inclusive progresse et que la pauvreté diminue. Et il se sait attendu au tournant.

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