L’Union botte en touche

Faute de consensus à Niamey, un autre sommet sera organisé à Ouagadougou pour trouver un nouveau patron à la BCEAO et à la BOAD.

Publié le 2 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

Ce n’est probablement que dans deux mois, à l’occasion d’un sommet extraordinaire prévu à Ouagadougou, que les chefs d’État et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) choisiront le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). En attendant, l’intérim de ces deux institutions restera respectivement entre les mains du Burkinabè Damo Justin Baro, vice-gouverneur, et du Malien Issa Coulibaly, vice-président. Le sommet de Niamey du 27 mars 2006, réuni autour de six chefs d’État et de deux chefs de gouvernement (le Bissauguinéen Aristides Gomes et l’Ivoirien Charles Konan Banny), n’a pu trancher la question de la désignation des nouveaux dirigeants. Pourtant, ce sujet était inscrit à l’ordre du jour depuis que Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la Banque centrale, a été nommé Premier ministre, en décembre 2005, et que Boni Yayi, autrefois à la tête de la BOAD, avait décidé de se lancer dans la bataille présidentielle béninoise qu’il vient de remporter.
Passé les questions relatives à l’état de l’Union jugé positif à la grande satisfaction de son patron, le Malien Soumaïla Cissé, aucun consensus ne s’est dégagé du conclave nigérien. Le Béninois Mathieu Kérékou, d’autant plus décidé à conserver la présidence de la BOAD pour son pays (vingt-cinq ans à la tête de l’institution) que c’était sa dernière sortie officielle en tant que chef de l’État, n’est pas arrivé à convaincre ses pairs sur la candidature de son compatriote Christian Agossa, chargé de mission auprès de la vice-présidence de l’organisme financier sous-régional. Et pour cause : son homologue sénégalais, Abdoulaye Wade, partisan du système de rotation dans les institutions régionales proposait le nom d’Amadou Kane, ancien cadre de la BOAD, et actuel DG de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis).
Ces deux candidats resteront-ils en lice à Ouagadougou ? D’autres postulants pourraient se faire connaître. Il en est de même pour la gouvernance de la BCEAO, basée à Dakar, les velléités du Béninois Abdoulaye Bio Tchané, DG adjoint du FMI, ayant fait long feu à la veille même de l’ouverture du sommet. Seul restait officiellement en lice le Nigérien Ali Gamatié, vice-gouverneur. Défendue bec et ongles par le président Mamadou Tandja, sa candidature s’est heurtée à la volonté de la Côte d’Ivoire de préserver le poste pour l’un de ses ressortissants. Une position que Konan Banny a rappelée au cours du huis clos, allant même jusqu’à dire qu’il « faut à tout prix éviter de prendre une décision qui puisse être interprétée comme un manque de solidarité ».
Alors que ce pays vit depuis plus de trois ans une crise qui a peu ou prou hypothéqué le devenir économique de la sous-région, l’argument a fait mouche. Notamment auprès du Malien Amadou Toumani Touré, dont le pays est, par ailleurs, déjà représenté dans les instances décisionnaires de l’Union au travers de Soumaïla Cissé, président de la commission. Son homologue burkinabè Blaise Compaoré n’a pas, non plus, été insensible aux arguments du Premier ministre ivoirien. Tenté d’avancer la candidature du gouverneur par intérim, Damo Justin Baro, comme solution de compromis, Compaoré a fini par prêter une oreille compréhensive à la démarche de la Côte d’Ivoire. Le Niger obtenait, lui, son maintien à la présidence de l’Union jusqu’au sommet de Ouagadougou, à l’issue duquel le Burkina devrait prendre le relais. D’ici là, l’arrivée de Boni Yayi à la tête de l’État béninois et l’espoir de voir le processus de paix en Côte d’Ivoire évoluer favorablement permettront peut-être de faire bouger les lignes.

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