Libre-échange et antirétroviraux

Publié le 2 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Les pays de l’Afrique australe ont les taux d’infection par le VIH-sida les plus élevés du monde. Ils ont le plus grand besoin de pouvoir acheter ou fabriquer des médicaments génériques à faible coût pour soigner leurs citoyens. Les règles du commerce mondial sont souples et accordent aux gouvernements le droit d’utiliser des génériques pour préserver la santé publique. L’administration Bush négocie actuellement un accord de libre-échange avec l’Union douanière de l’Afrique australe (Sacu) [qui regroupe l’Afrique du Sud, le Botswana, la Namibie, le Lesotho et le Swaziland, NDLR]. Il est important que, dans ce cadre, les États-Unis ne limitent pas les possibilités pour les pauvres de se procurer des génériques.
Depuis de nombreuses années, la politique commerciale américaine en matière de médicaments s’est résumée à une lutte entre les compagnies pharmaceutiques, dont les contributions électorales et les dépenses de lobbying ne le cèdent qu’à celles du secteur des assurances, et l’impératif social d’accorder aux pays en développement un accès plus facile et moins coûteux aux médicaments essentiels. La plupart du temps, ce sont les groupes pharmaceutiques qui ont eu la haute main. Les accords de libre-échange signés avec l’Amérique centrale et d’autres pays, par exemple, limitent l’usage des génériques en autorisant les laboratoires propriétaires des marques à garder secrètes pendant cinq ans les données cliniques. L’accord avec l’Amérique centrale interdit également de faire enregistrer un produit générique sans l’accord du détenteur du brevet tant que celui-ci est valable. L’accord avec le Maroc permet aux compagnies pharmaceutiques de prolonger leurs monopoles en brevetant des usages nouveaux pour des médicaments anciens. En 2000, le président Bill Clinton, sous la pression des ONG militant pour la santé mondiale, a signé un décret interdisant à Washington de demander à l’Afrique subsaharienne d’accepter des restrictions sur les génériques plus rigoureuses que ce que prévoit l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le président George W. Bush a confirmé cette décision lorsqu’il est arrivé à la Maison Blanche en 2001.
Selon les négociateurs américains, le sujet n’a pas encore été évoqué, et les États-Unis, bien conscients que l’Afrique australe connaît des problèmes sanitaires d’une gravité exceptionnelle, ont l’intention de se conformer au décret présidentiel. Tant mieux, mais il est impératif que cet engagement soit tenu.

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